
L’ONU convaincue d’un possible accord sur le plastique à Genève

L'ONU est convaincue qu'un accord international pour limiter la pollution plastique pourra être atteint d'ici 10 jours à Genève après de nouvelles négociations. Les représentants de la société civile ont eux demandé un traité qui réduise la production.
(Keystone-ATS) « Le moment est venu », a affirmé lundi la directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (ONUE), Inger Andersen, lors d’une réunion avec les ONG et d’autres acteurs. « C’est un traité que le monde veut et dont il a franchement besoin », a affirmé la Danoise à la veille de la reprise de négociations cruciales entre plus de 170 Etats, pour la première fois à Genève.
Après plus de trois ans de discussions, un arrangement est à portée de main, même s’il y a « clairement des divergences », a-t-elle affirmé. « Nous sommes venus à Genève avec la conviction que quelque chose peut arriver, que nous pouvons avoir un accord », a encore dit la directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
Elle reste en faveur d’un traité qui porte sur « tout le cycle » du plastique, de la production à la gestion des déchets, et qui permette une fabrication comme une consommation durables. Mais il faudra convaincre les quelques pays pétroliers qui ont bloqué le processus il y a moins d’un an en Corée du Sud.
Depuis cette réunion, les autres Etats, dont la Suisse, ont fait des concessions, renonçant à imposer une limite chiffrée de la production pour tenter d’arracher un consensus autour d’un objectif de la stabiliser. De quoi inquiéter les ONG. « Pour protéger le climat, la biodiversité et la santé des êtres humains, il faudrait une réduction d’au moins trois quarts », a affirmé à Keystone-ATS une responsable de Greenpeace Suisse, Joëlle Hérin.
« Moment historique » selon la Suisse
Le président des négociations, l’ambassadeur équatorien Luis Vayas Valdivieso, tout comme la secrétaire exécutive Jyoti Mathur-Filipp, ont demandé à la société civile de peser sur les Etats. « C’est une possibilité historique » d’améliorer la situation des futures générations, a dit le premier.
Lundi après-midi, environ 250 représentants de la société civile se sont rassemblés sur la Place des Nations à l’invitation de Greenpeace et du mouvement Break Free From Plastics. « Réduisez la production! », ont-ils scandé aux dirigeants. « N’alimentez pas notre destruction! », ont-ils ajouté, plaidant « pour un traité fort ».
Mme Herrin continue de pousser la Suisse et les autres pays ambitieux à maintenir un accord qui permette une diminution de la pollution. « Il faut maintenir à tout prix » des efforts sur toutes les dimensions liées au plastique, y compris l’élimination des substances qui ne peuvent être utilisées à plusieurs reprises, selon elle. Mais elle admet que les discussions seront « difficiles », tant plusieurs « questions litigieuses » doivent encore être réglées.
« C’est un moment historique », a estimé de son côté le chef négociateur suisse, le chef des affaires internationales de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) Felix Wertli. Il a appelé à un « engagement », une « collaboration » et une « efficacité ».
Le plastique « affecte toutes nos sociétés et nous tous », a ajouté l’ambassadeur suisse. « Nous avons la science, nous avons le bon moment et nous avons la plateforme ici à Genève », insiste-t-il aussi, même si beaucoup de travail reste à faire.
Rösti vers la fin des pourparlers
La directrice de l’OFEV Katrin Schneeberger sera présente mardi pour l’ouverture des négociations. M. Wertli pilotera ensuite la délégation suisse jusqu’à l’arrivée du conseiller fédéral Albert Rösti les 13 et 14 août, aux côtés d’environ 70 autres ministres.
Cette réunion est considérée comme celle de la dernière chance pour un accord. Mais les ONG demandent qu’une nouvelle session soit organisée si les Etats devaient terminer celles-ci proches d’un consensus. Des parlementaires souhaitent eux un vote si les pays pétroliers maintiennent leur blocage. A défaut d’arrangement, une coalition d’Etats pourrait décider d’un traité en dehors du cadre de l’ONU, mais la portée en serait alors diminuée.
En près de 25 ans, la consommation de plastique a plus que doublé et s’établissait en 2024 à 500 millions de tonnes, dont près de 400 millions ont terminé en déchets. Si la situation n’est pas stabilisée, elle dépassera 1,2 milliard de tonnes en 2060. Et les déchets atteindront plus d’un 1 milliard de tonnes.