
Législatives: plus de la moitié des électeurs moldaves ont voté

Plus de la moitié des électeurs moldaves ont voté dimanche pour désigner leurs députés, dans un scrutin décisif pour l'avenir de leur pays, entre poursuite du rapprochement avec l'Union européenne ou retour dans le giron russe.
(Keystone-ATS) Le taux de participation s’élève à 51,9% à la clôture des votes à 18h00 GMT (20h00), selon le chiffre de la commission électorale, contre 52,3% en 2021. Il peut cependant encore évoluer car la diaspora est autorisée à voter jusqu’à 21h00 locale dans chaque pays d’adoption.
Les premiers résultats ne sont pas attendus avant 22H00 GMT.
Signe de l’enjeu de ces élections sous haute tension et au résultat incertain, chaque camp accuse l’autre de manipulation et de tentative d’intimidation, dans l’ex-république soviétique qui compte quelque 2,4 millions d’habitants et plus d’un million d’émigrés.
Pro-européens favoris
La plupart des sondages réalisés avant le scrutin donnaient gagnant le Parti d’action et de solidarité (PAS), pro-européen, au pouvoir depuis 2021. Mais le parti de la présidente pro-européenne Mai Sandu a perdu du terrain en raison notamment des difficultés économiques du pays, l’un des plus pauvres d’Europe.
«Je veux que les choses continuent comme elles étaient à l’époque russe», a déclaré à l’AFP Vasile, un serrurier et soudeur de 51 ans qui n’a donné que son prénom, dans un bureau de vote à Chisinau.
Natalia Sandu, une femme au foyer de 34 ans, n’est pas d’accord. «Notre espoir, et notre attente, est que nous restions sur la voie européenne. L’alternative est impensable, je refuse même d’imaginer un retour en arrière», dit-elle.
Le scrutin a été assombri par les craintes d’achats de voix et de troubles, ainsi que par une «campagne de désinformation sans précédent» menée par la Russie, selon l’UE. Moscou a démenti ces allégations, tandis que l’opposition moldave, largement prorusse, a accusé le PAS d’avoir planifié une fraude.
Le service de cybersécurité moldave a déclaré dimanche avoir détecté plusieurs tentatives d’attaques sur l’infrastructure électorale, «neutralisées en temps réel, sans affecter la disponibilité ou l’intégrité des services électoraux».
Après avoir voté à Chisinau, Maia Sandu a mis en garde contre «l’ingérence massive de la Russie», affirmant aux journalistes que la Moldavie était «en danger».
«Tout perdre»
«Si les Moldaves ne se mobilisent pas suffisamment et si l’ingérence de la Russie a un impact significatif sur nos élections, alors la Moldavie pourrait tout perdre», a ajouté la présidente qui a réussi à obtenir l’ouverture des discussions pour l’adhésion de la Moldavie à l’UE et de nombreuses aides financières occidentales.
En début de semaine, elle avait dénoncé les «centaines de millions d’euros» déversés par Moscou pour acheter des voix, orchestrer des campagnes de désinformation en ligne et organiser des violences.
Selon Igor Botan, directeur du centre de réflexion moldave Adept, la Moldavie n’a «jamais vu un tel niveau (d’ingérence étrangère) dans une campagne électorale» depuis son indépendance proclamée en 1991.
Depuis le 1er août, la police moldave a réalisé plus de 600 fouilles en lien avec des tentatives de déstabilisation, selon le Premier ministre moldave, Dorin Recean. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.
«J’ai voté pour le retour à la normale», a dit l’ancien président, Igor Dodon (2016-2020), l’un des dirigeants du Bloc patriotique prorusse, après avoir glissé son bulletin dans l’urne. Il a appelé à nouveau ses partisans à «manifester pacifiquement» lundi pour «défendre notre victoire».
Vendredi, il avait affirmé à l’AFP qu’il «poursuivrait les discussions et les négociations avec l’UE» qu’il rétablirait «également les relations avec la Fédération de Russie».
Participation scrutée
La participation de la diaspora, qui a contribué à la réélection de Mme Sandu en 2024, et celle de la région séparatiste de Transdniestrie, qui penche en faveur de la Russie, sont particulièrement observées.
Les autorités de Transdnistrie ont accusé le gouvernement moldave de «nombreuses et flagrantes» tentatives de limiter le vote des habitants de cette région.
Une vingtaine de partis et candidats indépendants étaient en lice pour le scrutin qui doit pourvoir 101 sièges.
Valeriu Pasha, du groupe de réflexion WatchDog, n’exclut pas une assemblée morcelée, synonyme d’instabilité.
En 2021, le PAS l’avait emporté avec 52,8% des voix contre 27,2% pour le Bloc des socialistes et communistes de M. Dodon.