L’infirmière, la nouvelle super-héroïne au temps du Covid-19
(Keystone-ATS) Banksy a remplacé les superhéros par une infirmière dans une de ses dernières interventions. La journée mondiale des soins infirmiers, le 12 mai, prend une résonance particulière en pleine crise du coronavirus.
Le syndicat Syna, la Fédération des Associations des retraités, l’Association suisse des infirmières, le Conseil International des Infirmières et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge profitent de cette journée pour défendre la profession. La revalorisation de celle-ci est au centre de leurs interventions.
Les applaudissements au balcon tous les soirs ne suffisent pas. Le syndicat Syna demande une harmonisation et une amélioration des conditions de travail pour le secteur de la santé. Pour cela, la branche a besoin d’une convention collective de travail nationale, estime-t-il.
Cercle vicieux
« C’est un cercle vicieux: les mauvaises conditions de travail conduisent les employées à quitter la branche en masse, souvent en signe de protestation silencieuse. Celles et ceux qui restent doivent alors fournir toujours plus de travail, ce qui s’achève trop souvent en maladie ou en burnout », constate Juan Barahona, responsable de la branche de la santé chez Syna.
Le syndicat soutient l’initiative « Pour des soins infirmiers forts » de l’Association suisse des infirmières (ASI) ainsi que la revendication d’une prime de risque du SSP. La Fédération des retraités (FARES) appuie elle aussi les revendications de l’ASI pour une revalorisation de la profession, qui passe par de meilleurs salaires, mais aussi davantage de formation en Suisse.
L’ASI avait dénoncé fin avril dans une lettre envoyée au Parlement fédéral la dépendance de la Suisse à l’égard du personnel de santé étranger. « Si l’Allemagne, la France et l’Italie avaient voulu ou dû rappeler leurs professionnels de la santé, les conséquences auraient été inimaginables », avait-elle souligné tout en s’insurgeant aussi contre la flexibilisation de leur horaire de travail en pleine pandémie.
Pour le Conseil International des Infirmières et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui célèbrent conjointement la Journée internationale des infirmières, il s’agit de rendre hommage aux membres du personnel infirmier du monde entier.
Dans les pays les plus durement touchés par la pandémie mais où les systèmes de santé fonctionnent de façon assez satisfaisante, environ dix pour cent des professionnels de la santé ont contracté le Covid-19 – un taux extrêmement élevé, mais probablement en dessous de la réalité, soulignent-ils. Dans les endroits où le système de santé est déjà mis à rude épreuve par les conflits ou un manque d’investissements, ce chiffre est certainement bien plus important.
Contaminé et agressé
Si de nombreuses communautés ont à cœur de saluer l’action des professionnels de la santé, il est inquiétant de constater que dans d’autres contextes, le personnel infirmier et d’autres personnels de santé sont la cible de harcèlement et de violence – parfois dans les transports en commun, voire à leur domicile – à cause de leur implication même dans la lutte contre le Covid-19, relèvent-ils encore.
A l’origine de cette journée internationale, on trouve Florence Nightingale, née le 12 mai 1820 en Angleterre, à l’origine de la professionnalisation de ce métier, auparavant en main de soeurs religieuses non payées. C’est sur le champ de bataille de Crimée qu’elle a apporté la preuve qu’une bonne médecine ne peut se passer des services infirmiers.