
Le National veut lui aussi un durcissement dans l’asile

Après la Chambre des cantons mardi, le National a tenu mercredi une session extraordinaire sur l'asile à la demande de l'UDC. Il a voté deux motions UDC et PLR visant à réduire l'attractivité de la Suisse pour la migration illégale.
(Keystone-ATS) La Suisse protège beaucoup trop de personnes qui ne sont pas vulnérables et qui ne relèvent pas de l’asile. Elle devrait retourner à une protection temporaire pour les vrais réfugiés afin de faire baisser l’attractivité de notre pays, a déclaré Pascal Schmid (UDC/TG).
Pour le ministre de justice et police Beat Jans, ce énième débat ne prend pas en compte la détente sur le front de l’asile. En Suisse, les demandes d’asile sont en baisse: l’an dernier, il y en a eu près de 28’000, en recul de 8,2% par rapport à 2023. Pour 2025, le Secrétariat d’Etat aux migrations prévoit 25’000 nouvelles demandes.
Le conseiller fédéral a critiqué des demandes récurrentes qui ne permettent pas de résoudre les problèmes. Pour réduire les coûts dans l’asile, il y a trois moyens efficaces, selon lui: accélérer le traitement des demandes, accélérer les retours et accélérer l’intégration.
Coups de boutoir UDC et PLR
Le National devait se prononcer sur six textes qui visaient tous à durcir la lutte contre la migration illégale. Au final, deux ont été acceptés.
Le premier, déposé par le PLR, veut s’aligner sur la pratique européenne à la frontière extérieure de Schengen/Dublin pour les migrants ayant peu de chances d’être accueillis. La Suisse ne doit pas devenir un pôle d’attraction, en réservant un meilleur traitement aux migrants illégaux, a indiqué Peter Schilliger (PLR/LU).
Le ministre a rappelé que les standards de l’UE n’ont pas encore été établis. Ce n’est donc pas une bonne idée. Une telle proposition reviendrait en outre à déplacer la charge des procédures dans des centres de transit aux cantons limitrophes et les cantons n’en veulent pas. Sans succès. La motion a été acceptée par 118 voix contre 69. Le Conseil des Etats devra se prononcer.
Le National a également soutenu par 110 voix contre 74 une motion UDC qui demande que les personnes admises à titre provisoire ne puissent demander une autorisation de séjour qu’après un délai de dix ans, contre cinq aujourd’hui. Ces autorisations sont provisoires; il faut rendre la politique à nouveau crédible, selon Christoph Riner (UDC/AG).
Beat Jans a estimé que ce délai court n’est pas un critère prouvé pour l’attractivité de la Suisse. Il est au contraire une incitation à s’intégrer rapidement en Suisse et donc à se financer soi-même.
Des motions et une nouvelle initiative
Tous les autres textes déposés par l’UDC ont été rejetés. L’un demandait d’accorder l’asile pour une durée de deux ans, renouvelable, sur le modèle de la Suède et du Danemark. Il a été repoussé par 100 voix contre 86.
Le National a également enterré une demande visant à abroger le statut S pour les Ukrainiens. Plusieurs élus de gauche ont rappelé que les attaques massives de drones russes sur le pays sont trop dangereuses pour stopper aujourd’hui une telle mesure de protection.
L’UDC n’a pas eu plus de chance pour suspendre le programme de réinstallation du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés reconnus. Ce programme, en vigueur depuis 2019, est un geste d’humanité, a relevé M. Jans.
En 2025, la Suisse devait accueillir quelques dizaines de personnes. Pour 2026 et 2027, il est prévu que la Suisse accueille jusqu’à 400 personnes par an. Ces arrivées ne surchargent pas le système de l’asile.
Un dernier texte UDC a été enterré. Cette salve contre la politique de l’asile de la Suisse est intervenue alors que le parti conservateur déposait le jour même sa nouvelle initiative populaire sur l’asile. Elle prévoit un renforcement des frontières et un contingent d’octroi de l’asile qui ne dépasse pas 5000 par an.