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Le patron des CFF Andreas Meyer est toujours resté un manager

Le patron des CFF Andreas Meyer quitte son poste. Agé de 58 ans actuellement (né en avril 1961), il occupait cette fonction depuis douze ans (archives). KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE sda-ats

(Keystone-ATS) Le patron des CFF Andreas Meyer quitte son poste. Agé de 58 ans, il occupait cette fonction depuis douze ans.

La nomination à la tête des CFF, en juin 2006, du juriste et manager Andreas Meyer, alors âgé de 45 ans, a été une surprise. Il l’emporte face au favori Paul Blumenthal, alors chef de la division voyageurs. Le 1er janvier 2007, c’est donc lui qui devient patron de la plus grande entreprise de transports de Suisse, avec actuellement près de 32’300 collaborateurs.

Andreas Meyer succède au populaire Benedikt Weibel, qui avait dirigé les CFF pendant treize ans. Avant même son entrée en fonctions, le choix a fait l’objet de commentaires circonspects. Le Syndicat du personnel des transports (SEV) l’a par exemple interprété comme un changement de cap, à l’encontre de la continuité et pour une réorientation stratégique.

Pas du sérail

S’il n’était pas issu du sérail des CFF, ce natif de Bâle-Campagne a néanmoins été plongé dans le bain tout petit. Son père était technicien dans les trains des CFF avant de devenir chef de l’atelier de réparation des wagons à Muttenz. Etudiant, il a effectué des tâches de nettoyage des voitures.

Il a achevé par une licence ses études de droit accomplies à Bâle et Fribourg. Il est également titulaire d’un brevet d’avocat et d’un Master of Business Administration (MBA). Depuis 1997, Andreas Meyer a travaillé comme manager pour la Deutsche Bahn.

Management de crise

Il s’est ensuite fait un nom chez Babcock, une entreprise industrielle spécialisée dans les centrales électriques, où il s’est frotté au management de crise: M. Meyer a dû procéder au licenciement de 3000 à 4000 personnes, “une expérience qui l’a marqué”.

Le président du conseil d’administration des CFF de l’époque, Thierry Lalive d’Epinay, lui attestait des compétences sociales élevées, l’expérience et la capacité de conduite, une personnalité convaincante et un sens aigu des responsabilités.

Mais dès le départ, et jusqu’à aujourd’hui, le salaire du patron des CFF a régulièrement suscité la grogne. Il a perçu 100’000 francs de plus que son prédécesseur dès son entrée en fonctions. A son salaire annuel de 700’000 francs s’ajoutent des prestations uniques pour 450’000 francs.

Avec un salaire de près d’un million de francs, Andreas Meyer reste le patron d’une entreprise proche de la Confédération de loin le mieux payé. Sans compter les 220’000 francs (en 2018) qui lui sont versés pour la prévoyance professionnelle.

Sous le feu des critiques

Diverses mesures de déréglementation chez CFF Cargo ont été réalisées sous l’ère Meyer. En 2008, elles ont provoqué plusieurs semaines de protestation chez le personnel des ateliers de Bellinzone. A l’époque, le patron menaçait de faire exécuter ces travaux de manutention dans d’autres ateliers CFF, par une entreprise externe ou à l’étranger.

Depuis le 1er janvier 2019, CFF Cargo est une société autonome du groupe CFF. Selon Andreas Meyer, 800 emplois sur 2300 doivent être supprimés d’ici 2023 dans le trafic marchandises et 170 points de desserte sur 344 doivent être examinés ou fermés.

En 2010, le patron a chamboulé la direction de l’entreprise, renforçant les relations publiques et la mise en réseau politique. Peu après, il s’est retrouvé sous le feu des critiques pour sa politique du personnel: les trois premières années sous son égide, pas moins de six membres de la direction ont pris la porte.

Les coûts pour repourvoir tous les postes de cadres se sont élevés en 2009 à 2,5 millions de francs. Le président du conseil d’administration Ulrich Gygi a publiquement pris position en faveur de M. Meyer, le qualifiant d’homme de poigne.

Maladresses et manque d’empathie?

Le site internet des CFF décrit également Andreas Meyer comme un homme plein d’énergie et épris d’action, qui essaie en permanence de tirer le meilleur parti d’une situation. En tant que directeur général exécutif, il crée la transparence et n’hésite pas non plus à aborder les sujets qui dérangent. Chef d’entreprise qui pense et agit dans un souci de durabilité, il se préoccupe des collaboratrices et des collaborateurs des CFF ainsi que de l’environnement, peut-on lire.

Dans ses apparitions médiatiques, particulièrement mises en scène, le sportif qu’est Andreas Meyer semble très sûr de lui et parfois jovial malgré son ton militaire. A une époque où les CFF doivent accepter les critiques du public, son manque d’empathie et le traitement parfois maladroit de ses subordonnés lui sont reprochés.

Le fait qu’il n’ait pas assisté personnellement aux funérailles d’un contrôleur mort en août lors d’un accident en gare de Baden n’a pas été compris. Il a expliqué que, ce jour-là, il était occupé par des questions urgentes concernant la concession de lignes longue distance, et qu’il avait été en pensées avec “son collègue décédé”.

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