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Le philosophe français Michel Serres n’est plus

Le philosophe français et professeur d'histoire des sciences Michel Serres est décédé samedi. Ici, une photo de 2012, lorsque l'Université de Genève lui a décerné le titre de docteur honoris causa (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le philosophe français Michel Serres est décédé « très paisiblement samedi à 19h00 entouré de sa famille » à l’âge de 88 ans, a annoncé son éditrice. Philosophe, historien des sciences et homme de lettres, il avait été élu à l’Académie française en 1990.

Ecrivain et historien des sciences, Michel Serres s’est intéressé à toutes les formes du savoir, scientifique comme littéraire, anticipant les bouleversements liés aux nouvelles technologies de la communication.

L’un de ses plus grands succès d’édition fut « Petite Poucette », ce titre clin d’oeil à la maestria avec laquelle certains utilisent leurs pouces pour taper sur leurs portables.

« Adieu Michel Serres, l’honnête homme par excellence, du XXe et du XXIe siècles, éclectique, humaniste et visionnaire. Sa bonté se voyait et s’entendait », a salué le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer sur Twitter. « Sa pensée sur l’éducation continuera à nous influencer », a-t-il ajouté.

Officier de marine

Né le 1er septembre 1930 à Agen, dans le sud-ouest de la France, fils d’un marinier, il entre à l’école navale en 1949, puis à la prestigieuse école normale supérieure en 1952, creuset des intellectuels français.

Agrégé de philosophie trois ans plus tard, ce spécialiste de Leibniz, bouleversé par le bombardement d’Hiroshima en 1945, entreprend pourtant une carrière d’officier de marine. Il sillonne l’océan Atlantique et la mer Méditerranée et participe comme enseigne de vaisseau à la réouverture du canal de Suez.

Il quitte la marine en 1958 et se tourne vers l’enseignement, d’abord à Clermont-Ferrand, où il côtoie Michel Foucault, puis à la Sorbonne, où lui, le philosophe, enseigne l’histoire des sciences.

Michel Serres a toujours opéré au-delà des frontières des disciplines universitaires. « Un philosophe ne peut se faire entendre sans les sciences et les lettres: à moins d’avoir acquis cette formation, il est désormais inaudible », expliquait-il.

Prix Médicis en 1985

Ses cours d’histoire débutent « avec zéro étudiant », mais peu à peu son auditoire s’étoffe. Et si ses premiers livres passent inaperçus, la notoriété vient dans les années 1980, avec la série intitulée « Hermès », « Les cinq sens », prix Médicis de l’essai en 1985, ou « Eléments d’histoire des sciences » (1989).

A partir de 1984, il enseigne la philosophie à l’université californienne de Stanford, où il passe une partie de l’année. Michel Serres place l’environnement au centre de sa réflexion, s’interroge sur « le passage du local au global » et porte un jugement résolûment optimiste sur le développement des nouvelles technologies.

En 1990, il est élu à l’Académie française, où il est reçu sans la traditionnelle épée, « en signe de paix ». Il devient dès lors une figure intellectuelle familière et touche un plus large public.

« Voyageur infatigable de la pensée », comme le décrit sur son site internet Le Pommier, son éditeur de longue date, Michel Serres est l’auteur de quelque 80 ouvrages et continuait de publier régulièrement ces dernières années. Son dernier livre, « Morales espiègles », était paru en février.

Invité de « Questions politiques » sur France Inter dimanche dernier, il disait à propos de ce livre vouloir éviter de paraître « donneur de leçons ». « S’il y a une voie pour un signal moral, c’est le rire », ajoutait ce philosophe que le grand public a également pu écouter dans des chroniques dominicales à la radio pendant plusieurs années.

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