Le prix Sakharov remis en l’absence des récipiendaires
(Keystone-ATS) Le Parlement européen a remis mercredi son prestigieux prix Sakharov au cinéaste iranien Jafar Panahi et à l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, en leur absence. Il a demandé la libération « sans condition » des deux dissidents.
La récompense distingue les deux lauréats pour « leurs efforts pour les libertés fondamentales et l’évolution politique en Iran » et doit être interprété comme un « hommage au peuple iranien », a souligné le président du Parlement, Martin Schulz. Il s’exprimait devant les deux chaises vides et une grande photographie des récipiendaires.
« Nous nous inclinons devant leur courage », a-t-il dit devant un hémicycle comble. Jafar Panahi est assigné à résidence, alors que Nasrin Sotoudeh a été condamnée en janvier 2011 à 11 ans de prison et 20 ans d’interdiction d’exercer son métier pour sa défense des prisonniers politiques et son action en faveur des droits de l’homme.
Grève de la faim
Dénonçant un « système de justice politisé et fanatisé », M. Schulz a interpellé directement les autorités iraniennes sur le sort de Mme Sotoudeh, emprisonnée depuis août 2010, et qui vient d’observer une longue grève de la faim.
L’avocate iranienne en exil Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix 2003, a ensuite lu un message de Nasrin Sotoudeh, rédigé depuis sa prison. « Je voudrais dédier ce prix à tous les prisonniers politiques et aux minorités religieuses foulées aux pieds par l’islam », déclare la lauréate.
Représenté par Costa-Gavras
« Les droits de l’homme et la démocratie sont l’héritage commun de l’humanité, tout le monde y a droit et nous devons faire les efforts nécessaires pour les protéger », dit-elle encore.
Jafar Panahi, assigné à résidence à Téhéran, s’est quant à lui vu interdire de réaliser ou écrire des films et de voyager. Il était représenté à Strasbourg par sa fille Solmaz et par le cinéaste franco-grec Costa-Gavras.
Le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, doté de 50’000 euros, récompense chaque année un défenseur des droits de l’homme et de la démocratie. Il avait été décerné l’an dernier à des militants du « Printemps arabe ».