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Matériel optique suisse pour la répétition générale de l’alunissage

Lancée le 18 mai 1969, Apollo 10 a atteint l'orbite lunaire le 21 mai (archives). KEYSTONE/AP NY/NASA sda-ats

(Keystone-ATS) Apollo 11 est restée dans l’histoire comme la mission qui a permis à un humain de poser le pied sur la Lune, mais avant cela, Apollo 10 avait préparé le terrain. Il y a 50 ans, elle testait une dernière fois les manoeuvres d’alunissage, avec du matériel suisse à bord.

Il s’agissait du quatrième vol spatial habité du programme Apollo et le deuxième à atteindre l’orbite lunaire. C’est le 18 mai 1969 que Thomas Stafford, John Young et Eugene Cernan ont décollé de Cap Kennedy pour cette répétition générale.

Ils ont testé toutes les manoeuvres que fera Apollo 11 deux mois plus tard, à l’exception de l’alunissage. Le module lunaire “Snoopy” s’est détaché du véhicule spatial “Charlie Brown” à 110 kilomètres de distance de la Lune, mais il a interrompu sa descente à une quinzaine de kilomètres de la surface.

Une des tâches d’Apollo 10 était précisément d’évaluer des sites potentiels d’alunissage pour Apollo 11. C’est pourquoi une caméra couleur de la société J. A. Maurer Inc. LIG NY filmait la surface de la Lune pendant le survol.

Cette caméra était équipée d’objectifs fabriqués par l’ancienne entreprise Kern & Co. AG, à Aarau. Trois des onze rouleaux de films contenant des copies des prises de vues originales d’Apollo 10 se trouvent dans la collection Kern au Stadtmuseum d’Aarau.

Apollo 11

Il s’agissait de la première mission Apollo utilisant des objectifs Kern, mais de loin pas la dernière. Une telle caméra Maurer a également filmé le 20 juillet 1969 la descente du module lunaire “Eagle” emmenant Neil Armstrong et Buzz Aldrin, ainsi que son retour et l’accouplage au module de commande et de service (CSM) “Columbia”.

“Eagle” emmenait également une seconde caméra avec objectif Kern qui a filmé la manoeuvre d’alunissage en couleur via un miroir, puis les activités des deux astronautes sur la surface lunaire, notamment l’appel du président Nixon à Armstrong et Aldrin et le salut au drapeau américain.

Contrairement aux images en noir et blanc suivies en direct par des millions de téléspectateurs à l’époque, les films en couleurs ne sont revenus sur Terre qu’avec l’équipage d’Apollo 11. Et la caméra également: elle aurait dû rester sur la Lune pour des raisons de poids, mais il semble que Neil Armstrong en ait décidé autrement de son propre chef.

Il a ainsi ramené la caméra sur Terre, et c’est sa veuve Carol Armstrong qui l’a découverte après sa mort en février 2015 dans un sac remisé dans une armoire à vêtements. Elle l’a remise au Smithsonian National Air and Space Museum.

Caméras Bolex

Le musée sis à Washington possède les caméras des diverses missions Apollo, malheureusement sans mention de la provenance des objectifs, a raconté à Keystone-ATS Aldo Lardelli, de la Collection Kern.

Le fait que ce matériel suisse ait été utilisé dans le cadre des missions Apollo 10 à 17 doit beaucoup à l’excellente réputation aux Etats-Unis des caméras Bolex 8 et 16 mm fabriquées à l’époque par l’entreprise Paillard SA à Sainte-Croix et Yverdon (VD). Elles étaient dotées d’objectifs Kern, ajoute M. Lardelli.

Au final, bien que Paillard et Kern ait eu une représentation dans le New Jersey dès 1965, la NASA a décidé de placer ces objectifs sur des caméras Maurer très répandues dans l’armée américaine et plus faciles d’utilisation que les Bolex.

Au total, 75 objectifs de 10, 21 et 75 millimètres ont été livrés en 1968 et 1969. Malgré cette importante contribution, la firme argovienne est toujours restée dans l’ombre et bien qu’elle ait écrit un chapitre de l’histoire industrielle suisse, son carnet de commandes n’a pas connu les retombées auxquelles on aurait pu s’attendre.

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