
Pour la France et les USA, l’Iran peut échapper aux sanctions

Le président français, Emmanuel Macron, et l'émissaire spécial américain ont estimé mercredi que l'Iran avait encore une chance d'éviter des sanctions de l'ONU. Ceci, à condition de répondre aux préoccupations concernant son programme nucléaire.
(Keystone-ATS) Le groupe E3 (Allemagne, France et Royaume Uni) a activé, via le Conseil de sécurité de l’ONU, le processus permettant de rétablir, à partir de samedi minuit GMT (2h00 en Suisse), de lourdes sanctions contre l’Iran, l’accusant de ne pas coopérer sur son programme nucléaire.
Emmanuel Macron a rencontré mercredi son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, et l’a exhorté à «répondre aux exigences légitimes» posées par l’E3 pour éviter les sanctions qui affecteraient notamment le juteux secteur pétrolier et le secteur bancaire et financier.
«Un accord reste possible. Il ne reste que quelques heures», a lancé Emmanuel Macron sur X après avoir rencontré le président iranien.
Il a rappelé les «exigences» sur lesquelles les Européens ne sauraient «transiger», à savoir le «plein accès des inspecteurs de l’AIEA en Iran», la «transparence sur les stocks de matière enrichie» et la «reprise immédiate des négociations».
Steve Witkoff, ami et envoyé spécial du président américain, Donald Trump, qui négociait avec l’Iran jusqu’à l’attaque d’Israël en juin dernier contre des infrastructures iraniennes, a déclaré de son côté qu’il était toujours en contact avec l’Iran, sans préciser s’il s’agissait de contacts directs ou indirects comme au printemps dernier quand les pourparlers se déroulaient sous l’égide du sultanat d’Oman.
L’Iran est dans une «position difficile» avant le rétablissement des sanctions, a-t-il observé, tout en assurant que les Occidentaux n’avaient «aucun désir de nuire» aux Iraniens.
«Cependant, nous désirons, soit trouver une solution permanente et négocier autour du mécanisme de rétablissement des sanctions», dit «snapback», a déclaré Steve Witkoff au sommet de Concordia en marge de l’Assemblée générale. Soit «si nous n’en trouvons pas, alors les sanctions seront ce qu’elles sont. De bons médicaments», a-t-il ajouté, allusion au fait que le traitement infligé à Téhéran pourrait le pousser à négocier.
Mauvaise foi
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, avait rencontré mardi ses homologues européens, sans aucune avancée.
S’il a dénoncé les pressions occidentales, il s’est dit prêt à poursuivre le dialogue.
Et d’autres rencontres devaient avoir lieu mercredi notamment avec la partie française, selon des sources diplomatiques.
A la tribune de l’ONU, Massoud Pezeshkian a assuré mercredi que son pays ne voulait pas se doter de l’arme nucléaire, rejetant les accusations des Occidentaux.
«Je déclare ici, une fois encore, devant cette Assemblée, que l’Iran n’a jamais cherché et ne cherchera jamais à fabriquer une bombe atomique. Nous ne voulons pas d’armes nucléaires», a martelé le président iranien.
Il a en outre accusé les Européens de dénigrer «les efforts de l’Iran, en les jugeant insuffisants», niant ainsi «la bonne foi» de Téhéran.
Le pays qui perturbe la paix et la stabilité dans la région est Israël, «mais c’est l’Iran qui est puni», s’est-il en outre insurgé.
En 2015, France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Russie et Chine avaient conclu avec Téhéran un accord appelé JCPOA, prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée des sanctions. L’accord, entériné par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, expire mi-octobre.
Les Etats-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, avaient décidé en 2018 de se retirer du JCPOA et avaient alors rétabli leurs propres sanctions.
L’Iran s’était ensuite affranchi de certains engagements, notamment sur l’enrichissement d’uranium.
Debout à la tribune de l’Assemblée générale, le président iranien a montré mercredi des photos de personnes tuées lors de la guerre de 12 jours menée par Israël contre l’Iran en juin dernier.
Téhéran affirme qu’elle a fait plus de 1000 morts.
Les États-Unis avaient rejoint la campagne le 22 juin, frappant plusieurs installations nucléaires iraniennes.
«Les attaques aériennes du régime sioniste et des États-Unis d’Amérique contre les villes, les maisons et les infrastructures de l’Iran au moment même où nous suivions la voie des négociations diplomatiques constituaient une grave trahison de la diplomatie», a-t-il dit.