Trump invite des élues démocrates à quitter les Etats-Unis
(Keystone-ATS) Le président Donald Trump s’est de nouveau livré lundi à une violente attaque contre quatre élues démocrates issues de minorités, en les accusant « d’aimer les ennemis » de l’Amérique. Il les a invitées à quitter les Etats-Unis si elles n’y étaient pas heureuses.
Depuis dimanche, le milliardaire républicain s’en est pris plusieurs fois à ces élues. Il a suscité un tollé notamment chez les démocrates qui ont dénoncé des propos « racistes » et « xénophobes ».
Rare voix critique de ces propos dans le camp républicain, la sénatrice Susan Collins a appelé lundi le président à retirer le tweet dans lequel il disait que les élues devraient rentrer chez elles, en le qualifiant de « totalement déplacé ».
« Vous pouvez partir »
Ce groupe de quatre personnes », « elles se plaignent constamment », a au contraire insisté M. Trump lundi à la Maison Blanche en référence à Alexandria Ocasio-Cortez de New York, Ilhan Omar du Minnesota, Ayanna Pressley du Massachusetts et Rashida Tlaib du Michigan.
« Ce sont des gens qui haïssent notre pays. Elles lui vouent une haine viscérale », a-t-il ajouté, en évoquant aussi « la haine qu’elles ont pour Israël et l’amour qu’elles ont pour des ennemis comme Al-Qaïda ».
« Si vous n’êtes pas heureuses ici, vous pouvez partir », a-t-il lancé. Citant nommément Ilhan Omar, arrivée aux Etats-Unis après avoir fui la guerre en Somalie, il l’a notamment accusée de « haïr les juifs ». Quant à Alexandria Ocasio-Cortez, il l’a accusée d’avoir empêché Amazon de s’installer à New York, et donc d’avoir coûté « des dizaines de milliers d’emplois » à l’Etat.
« Marque de fabrique des suprémacistes »
Donald Trump avait déjà appelé ce weekend ces élues démocrates à « retourner » dans leur pays d’origine -alors même que plusieurs de celles visées sont nées aux Etats-Unis. Le milliardaire républicain les a ensuite appelées ces dernières à demander pardon à l’Amérique pour leurs « propos horribles et répugnants ».
Dans le camp démocrate, les tweets des dernières 48 heures ont suscité un véritable tollé. Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a vivement dénoncé des commentaires « xénophobes » visant à « diviser notre nation ».
« Il est important de noter que les mots du président hier (dimanche), qui a dit à quatre élues américaines ‘rentrez dans votre pays’, sont la marque de fabrique des suprémacistes blancs », a souligné Alexandria Ocasio-Cortez. Cette élue était clairement visée par les tweets présidentiels.
« Trump entraîne sans complexe le parti républicain dans des positions ouvertement racistes, et cela devrait inquiéter tous les Américains », a ajouté l’élue née à New York.
« Calcul froid et cynique »
La stratégie politique du locataire de le Maison Blanche est claire: enfoncer des coins dans la famille démocrate, traversée de tensions. Le président américain fait clairement référence à quatre jeunes élues du Congrès qui se situent sur l’aile gauche du parti et dont les désaccords avec Nancy Pelosi alimentent régulièrement la chronique à Washington.
« Avec cette sortie délibérément raciste, Donald Trump cherche à rendre les personnes ciblées plus visibles, à pousser les démocrates à les défendre et à en faire des emblèmes du parti tout entier », souligne David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama. « C’est un calcul froid et cynique », ajoute-t-il.