Un essai thérapeutique en France se transforme en catastrophe
(Keystone-ATS) Un « accident grave » est survenu lors d’un essai thérapeutique dans un centre de recherche médicale à Rennes. Il a entraîné l’hospitalisation de six patients, dont l’un est en état de mort cérébrale, a annoncé vendredi le ministère de la Santé.
« C’est un accident sans précédent en France », a dit sur iTELE l’avocat Philippe Courtois, spécialisé dans les erreurs médicales. Le parquet de Rennes a ouvert une enquête en flagrance, désormais sous la responsabilité du pôle de santé publique du parquet de Paris.
Le ministère de la Santé fait état de six volontaires hospitalisés, le parquet de Rennes déclare pour sa part dans un communiqué que la procédure pour « blessures involontaires » porte sur cinq patients. « L’un d’entre eux, en réanimation, est en état de mort cérébrale », indique le ministère dans un communiqué.
Médicament contre la douleur
L’essai thérapeutique était mené sur « un médicament pris par voie orale, en cours de développement par un laboratoire européen », précise le ministère.
Le produit testé est une molécule à « visée antalgique » (antidouleur) contenant du « cannabinoïde », a précisé une source proche du dossier. L’essai a été conduit par la société Biotrial, un centre de recherche médicale basé à Rennes agréé par le ministère de la santé, pour le compte du groupe pharmaceutique portugais Bial.
Un responsable de Biotrial devait assister à la conférence de presse donnée dans l’après-midi à Rennes par la ministre de la santé Marisol Touraine, qui s’est dite déterminée « à faire toute la lumière et à établir toutes les responsabilités sur cet accident dramatique ».
Volontaires sains
Cet accident est survenu dans le cadre d’un essai clinique de phase 1, c’est-à-dire sur des volontaires sains, « dans le but d’évaluer la sécurité d’emploi, la tolérance, les profils pharmacologiques de cette molécule », précise le ministère dans son communiqué.
Un essai se déroule normalement en trois phases et il faut au total entre dix et quinze ans de recherche entre le développement par un laboratoire d’une molécule et la commercialisation du médicament, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui supervise les essais.