Un Suisse au chevet des sans-abris brésiliens
Peter Rechsteiner vit au Brésil. Chaque semaine, ce Suisse de l’étranger convoie une douche mobile qui offre aux sans-abris la possibilité de prendre soin d’eux-mêmes. Avant cela, en Suisse, il avait frôlé le burn-out.
Peter Rechsteiner a émigré il y a dix ans. Au départ, une activité dans le social n’était pas dans ses objectifs. Aujourd’hui, il s’engage auprès de l’organisation sans but lucratif «Chuveiro SolidárioLien externe» (Douches solidaires) qui gère des douches mobiles. Celles-ci permettent aux sans-abris de se laver, se raser et se changer. «C’est dingue comme l’hygiène joue sur la psyché humaine», nous explique le Suisse par téléphone.
À fin 2018, 760’733 Suisses de l’étranger étaient comptabilisés par l’Office fédéral de la statistiqueLien externe (OFS). Environ 46’000 d’entre eux vivaient en Amérique du Sud, dont 13’966 au Brésil.
La vie au Brésil
Outre le versant financier, c’est une crise personnelle qui a incité Peter Rechsteiner à quitter la Suisse. Concepteur d’éclairages, il était au bord du burn-out. «Alors, j’ai démissionné», déclare-t-il. Lui et son épouse brésilienne ont mis huit ans à franchir le pas du Brésil.
Après d’innombrables vacances et visites à la famille et aux amis du Nord-est brésilien, les conditions étaient réunies pour un déménagement de Herisau à Natal. Les Rechsteiner y vivent depuis bientôt dix ans. «La région est comparable au Tessin», juge-t-il: pauvre, sans industrie, mais il y fait toujours beau.
Guide et éleveur de porcs
Ce coin du Brésil est fortement tributaire du tourisme et Peter Rechsteiner en profite. Il propose des voyages organisés et se charge de la programmation, des déplacements et de l’hébergement. «Selon votre envie, vous pouvez même vivre avec nous», précise-t-il.
À 61 ans, Peter Rechsteiner a développé plusieurs projets ces dernières années. «Au Brésil, on peut faire des choses qu’on ne ferait pas forcément en Suisse», confie-t-il. Exemple: il a monté avec son beau-père un élevage de porcs. «Je ne savais rien à propos des truies avant de m’y mettre», reconnaît-il.
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Pour bien vivre, l’Appenzellois n’a pas besoin de travailler à temps plein. «Ici, j’ai le temps et cela me convient.» Si bien, qu’il se sent redevable à l’égard de ce pays qui l’a accueilli à bras ouverts. «Au sein de Chuveiro Solidário, personne ne disposait d’un véhicule capable de tracter une remorque», explique-t-il. Lui, si. L’ONG l’a donc approché et depuis, chaque mercredi soir, il convoie une douche mobile en divers endroits. Pas loin d’un hôpital ou du grand marché, par exemple.
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Sur la route avec les douches mobiles de Chuveiro Solidário
Un engagement émotionnel
Peter Rechsteiner a une connaissance rudimentaire du portugais. Sa capacité à communiquer avec les nécessiteux reste limitée. Mais les mots ne sont pas tout non plus. «Après une bonne douche, les gens sont transformés», constate-t-il.
«C’est dingue comme l’hygiène joue sur la psyché humaine.»
Peter Rechsteiner
Le Suisse en veut pour preuve cet homme que lui et ses collègues de Chuveiro Solidário ont extrait d’un fossé il y a trois mois. «Il était quasiment mort, terriblement mal en point.» Ses bienfaiteurs en ont pris soin, l’ont lavé et mené à l’hôpital. «Depuis, il s’est remis sur pied et passe régulièrement nous voir», relève Peter Rechsteiner.
Père de deux adultes, le Suisse consacre grosso modo une journée par semaine à l’ONG. En dehors du convoyage de la douche mobile, il s’essaye aux aspects techniques. «Et quand je ne parviens pas à réparer moi-même, je paie de ma poche.»
Produits d’hygiène et vêtements
Chuveiro Solidário n’est pas une association et ne dispose d’aucun fonds. Ses volontaires — la plupart motivés par des valeurs chrétiennes — collectent vêtements, savons, shampoings, brosses à dents et dentifrices. «Mais nous n’avons jamais assez de vêtements masculins». Les derniers visiteurs suisses dont Peter Rechsteiner a organisé les vacances ont justement apporté jouets et habits. «C’est très apprécié ici», assure-t-il.
Peter Rechsteiner est tout à fait conscient que son engagement n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la misère. «Mais si chaque privilégié aidait deux nécessiteux, beaucoup de gens iraient mieux, lance-t-il. En fait, ce serait méga simple.»
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«Nos traditions nous unissent»
Traduction de l’allemand: Pierre-François Besson
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