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Elections: abstention et échec des partis de Macron et Le Pen

Le parti de Marine Le Pen n'a pas réussi à obtenir de région lors des élections régionales. KEYSTONE/AP/Michel Spingler sda-ats

(Keystone-ATS) Les Français ont encore boudé les urnes dimanche au 2e tour des élections régionales. Les partis de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron accusent des échecs. La gauche et la droite peuvent prétendre à une nouvelle dynamique à 10 mois de la présidentielle.

Près des deux tiers (66,3% selon une estimation à 19h00) des quelque 48 millions d’électeurs ne se sont pas exprimés, à peine moins que la semaine dernière qui avait marqué un record pour des élections depuis le début de la Ve République, en 1958. Les bureaux de vote ont fermé à 20h00.

« Je viens voter, mais ça ne sert à rien », résumait à Strasbourg (est) Hugues Hubert, 66 ans, un retraité du secteur du transport, maillot de foot sur les épaules, et dont aucun des trois enfants devait se déplacer. « Voter pour la présidentielle, d’accord, mais pour les départementales, on ne sait rien. Que vont faire les candidats? Aucune idée ».

Au-delà de cet enseignement sur la démocratie française, ce second tour a confirmé l’échec des partis de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron et le sursaut des partis traditionnels installés de longue date dans le paysage politique local. Ce vote permet aux barons de la droite et de la gauche d’affirmer que le suspens est relancé pour la présidentielle de 2022.

Tous les présidents de régions sortants ont d’ailleurs été réélus, sept pour la droite qui apparaît vainqueur, et cinq pour la gauche en France continentale.

« Déception » du parti de Macron

L’extrême droite (Rassemblement national, RN) de Marine Le Pen ne remporte pas la seule région pour laquelle il avait une chance, celle de Provence-Alpes Côte d’Azur (Paca, sud-est). Cette région reste à la droite (Les Républicains, LR), soutenue par la gauche, dans la tradition du « front républicain » que les partis traditionnels suivent depuis des décennies pour empêcher le RN de remporter des élections.

« Ce soir, nous ne prendrons pas de région », a admis Marine Le Pen, évoquant une « crise profonde de la démocratie locale ». « La mobilisation est la clé des victoires à venir », a-t-elle prévenu avec la présidentielle en ligne de mire.

Du côté de la majorité présidentielle (La République en marche, LREM), la journée est également maussade avec, comme prévu, aucune région gagnée. C’est une « déception pour la majorité présidentielle », a admis Stanislas Guerini, le délégué général de LREM.

Ces deux partis manquent d’ancrage territorial par rapport à la droite ou la gauche modérée, alliée à l’extrême gauche et aux écologistes. Ces partis « traditionnels » avaient un peu disparu du paysage médiatique ces dernières années, après l’élection surprise du centriste Emmanuel Macron à la présidence en 2017, ayant grignoté tant l’électorat de droite que de gauche.

Cartes rebattues?

Plusieurs ténors de la droite vont désormais prendre le vent de leur victoire aux régionales pour affirmer que les cartes de la présidentielle peuvent être rebattues alors que les sondeurs prédisent une finale Macron/Le Pen.

« Maintenant, tout le monde a compris que la présidentielle est désormais un match à trois. Le match à deux a du plomb dans l’aile », a estimé Xavier Bertrand, ancien ministre de droite, vainqueur dans la région des Hauts-de-France (Nord) et déjà candidat pour 2022, dans le journal Les Echos.

La gagnante de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (droite), et celui de la région Auvergne-Rhône Alpes (centre), Laurent Wauquiez (droite), vont aussi se positionner. « Une équipe de France de la droite et du centre a émergé, j’y prendrai toute ma part », a prévenu Mme Pécresse.

Gauche renforcée

En face, les sortants de gauche l’emportent aussi dans plusieurs régions avec des alliances entre socialistes, écologistes (EELV) et Insoumis (extrême gauche). Mais aucun des élus de dimanche n’est sur les rangs pour concourir à la présidentielle et les chefs des partis ne sont pas d’accord pour une candidature unique.

« Il y a une gauche qui est en train de reconquérir un espace », a estimé le secrétaire national du PS Olivier Faure, estimant que son parti en était une « force motrice » qui doit « rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes pour pouvoir aller vers l’élection présidentielle ». « L’écologie est la seule force en dynamique », s’est de son côté félicité le secrétaire national d’EELV Julien Bayou.

Ce retour en force du clivage gauche/droite doit toutefois être analysé avec prudence et rien ne dit que le duel Macron/Le Pen pour la présidentielle sera remis en cause.

« Les partis traditionnels bénéficient du grand maillage territorial qu’ils ont maintenu. Le clivage gauche/droite persiste au niveau des institutions locales mais n’a pas de traduction pour l’instant au niveau national », estimait avant le scrutin Jérôme Sainte-Marie, le président de l’institut de sondage PollingVox.

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