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Gaza: livraisons d’aide bloquées, risque de famine selon l’ONU

Des Palestiniens devant les corps de proches tués par les bombardements israéliens à Rafah vendredi. KEYSTONE/AP/Hatem Ali sda-ats

(Keystone-ATS) Les livraisons d’aide vers la bande de Gaza ont été interrompues faute de carburant dans le territoire palestinien, a affirmé vendredi l’ONU. Celle-ci craint un « risque immédiat de famine » pour la population prise au piège des combats entre Israël et le Hamas.

La situation est « catastrophique » dans l’hôpital al-Chifa, selon le patron du plus grand établissement de Gaza. L’armée israélienne a indiqué à l’AFP qu’elle y poursuivait ses fouilles de l’immense complexe à la recherche de repaires présumés des combattants du mouvement islamiste.

Les tensions sont aussi vives en Cisjordanie occupée. L’armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué « cinq terroristes » à Jénine, bastion des mouvements armés palestiniens. Une équipe de l’AFP sur place a fait état dans la nuit d’une importante opération israélienne. Le Hamas avait revendiqué jeudi une attaque sur un barrage de sécurité près de Jérusalem, dans laquelle un soldat israélien a été tué et trois autres ont été blessés.

A Hébron, deux Palestiniens ont aussi péri sous « les balles de l’armée israélienne », selon le ministère palestinien de la Santé.

12’000 tués palestiniens

Après l’attaque du Hamas sur son sol le 7 octobre, Israël a juré « d’anéantir » le mouvement islamiste. Les bombardements menés en représailles dans la bande de Gaza ont fait 12’000 morts, majoritairement des civils, dont 5000 enfants et 3300 femmes, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé du Hamas, publié vendredi soir. En outre, 30’000 personnes ont été blessées.

Le petit territoire palestinien, où le Hamas a été élu en 2007, subit des bombardements meurtriers depuis le 7 octobre. Soumis depuis le 9 octobre à un « siège complet » par Israël, Gaza manque d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments.

« Avec l’hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d’eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine », a averti jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Déplacés sans vêtements dans le froid

Selon l’ONU, 1,65 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre. La plupart ont fui vers le Sud en emportant le minimum et survivent sous la pluie et dans un froid qui devient mordant.

« On n’a pris aucun vêtement avec nous. Maintenant qu’il fait froid, il faut que j’achète des vêtements d’hiver », a expliqué à l’AFP Khouloud Jarboue, une habitante de Gaza-ville réfugiée à Rafah et qui doit habiller ses trois enfants.

Plus de carburant pour l’Unrwa

L’aide internationale à Gaza arrive au compte-gouttes par camions depuis l’Egypte mais pour le deuxième jour consécutif, aucune aide n’a pu entrer vendredi à Gaza via le terminal de Rafah, a affirmé l’ONU. Les véhicules de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) sont immobilisés par manque d’essence et ne peuvent ni prendre en charge ni distribuer les cargaisons, selon les Nations unies.

L’Unrwa a aussi indiqué vendredi qu’elle ne pourrait désormais plus coordonner la distribution de l’aide en raison de la coupure des communications, là encore en raison du manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs.

Israël autorise 2 camions par jour

Le cabinet de guerre israélien a annoncé vendredi avoir autorisé l’entrée quotidienne de deux camions de carburant à Gaza « pour les besoins de l’ONU », à la demande des Etats-Unis.

Le manque d’essence affecte aussi les centres de santé de Gaza où 70% des habitants du sud de la bande de Gaza n’ont pas accès à l’eau potable.

Le ministère de la Santé du Hamas a indiqué jeudi que 24 des 35 hôpitaux du territoire avaient cessé de fonctionner et que les neuf autres fonctionnaient partiellement.

La situation à l’hôpital al-Chifa est « catastrophique » pour les patients, les déplacés et les soignants qui s’y entassent sans électricité « ni eau ni nourriture », a affirmé à l’AFP son directeur Mohammed Abou Salmiya. Selon l’ONU, 2300 personnes se trouvent actuellement dans l’enceinte de l’hôpital.

L’armée fouille toujours

L’armée israélienne passe désormais au peigne fin certains bâtiments de l’immense complexe hospitalier, situé dans l’ouest de la ville de Gaza, où elle avait lancé un raid mercredi.

Israël affirme que l’hôpital abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, notamment dans des tunnels creusés sous le complexe, ce que dément le mouvement islamiste.

« Nous nous focalisons sur ce qu’il y a sous terre, y compris dans les hôpitaux », a indiqué jeudi soir le porte-parole Daniel Hagari. Des « images relatives aux otages » capturés par le Hamas ont été trouvées sur du matériel saisi au cours du raid, a ajouté l’armée.

« Nous avions de fortes indications selon lesquelles ils (les otages, ndlr) étaient détenus à l’hôpital al-Chifa, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous y sommes entrés. Si les otages étaient bien sur place, ils ont été transportés » ailleurs, a dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la chaîne américaine CBS.

« Négociations délicates »

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est entretenu avec Benny Gantz, ténor de l’opposition israélienne qui a rejoint le cabinet de guerre de M. Netanyahu, « à propos des efforts visant à augmenter et accélérer le passage de l’aide humanitaire indispensable vers Gaza », selon Washington.

En Israël, la pression s’accentue sur Benjamin Netanyahu sur la question des otages, alors que des pourparlers se tiennent via une médiation du Qatar.

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se dit « en contact avec le Hamas, avec d’autres parties internationales concernées et avec Israël », les négociations sont « très délicates ».

Israël a jusqu’ici refusé tout cessez-le-feu sans libération préalable des otages. Mais pour le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, Israël « n’a atteint aucun de ses objectifs » et n’obtiendra « la libération de ses prisonniers qu’au prix que la résistance fixera ».

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