« L’Innocent » et « La nuit du 12 » en tête des nominations aux César
(Keystone-ATS) Une comédie policière réjouissante signée Louis Garrel et une enquête impossible sur un féminicide: « L’Innocent » et « La Nuit du 12 » sont en tête des nominations pour les César.
Présenté à Cannes où il a séduit la critique, avant de réunir plus de 700’000 spectateurs en salle, « L’Innocent » mêle comédie et film de braquage en s’inspirant de l’histoire familiale de Louis Garrel.
Le film fait la course en tête pour la soirée du 24 février, avec 11 nominations, dont le meilleur film et le meilleur acteur pour Garrel, et fait figure de favori pour succéder à « Illusions Perdues », le vainqueur de l’an passé avec sept trophées.
L’enfant de la balle devenu tête d’affiche du cinéma d’auteur français côtoie dans la catégorie meilleur acteur ses aînés Jean Dujardin (pour « Novembre » sur les attentats de fin 2015), mais aussi Benoît Magimel (pour « Pacifiction » d’Albert Serra), en lice pour un doublé après son César de l’an dernier.
Côté actrices, Virginie Efira, nommée pour « Revoir Paris » où elle partage d’ailleurs l’affiche avec lui, en témoin d’un attentat dans une brasserie parisienne, a toutes ses chances, face notamment à Adèle Exarchopoulos (« Rien à foutre ») ou Laure Calamy (« A plein temps »).
Deux actrices suisses, Souheila Yacoub et Kayije Kagame ont quant à elles été nommées dans la catégorie des révélations.
Thématique contemporaine
« La Nuit du 12 », avec 10 nominations dont le meilleur film et la meilleure réalisation lui aussi, ainsi que le meilleur espoir masculin (Bastien Bouillon, dans un rôle de policier), est également très bien placé.
Un prix permettrait à son réalisateur, Dominik Moll, de revenir sur le devant de la scène 22 ans après son César du meilleur réalisateur pour « Harry, un ami qui vous veut du bien », et célèbrerait une fiction sur une question très contemporaine, le machisme et les violences faites aux femmes.
Parmi les autres long-métrages en lice pour le meilleur film, « En Corps », signé Cédric Klapisch, l’histoire d’une danseuse classique (Marion Barbot, sélectionnée pour le meilleur espoir féminin) qui se reconstruit après une blessure.
Les César, régulièrement pointés pour leur entre-soi, ne feront pas forcément taire ces critiques cette année: « En Corps » est le seul film parmi les favoris à avoir réuni plus d’un million de spectateurs (1,3 million). « Novembre » et « Simone, Le Voyage du Siècle », plus populaires avec plus de 2 millions d’entrées, doivent se contenter de sept et deux nominations chacun.
Absence de polémiques?
Sauf révélation de dernière minute, l’Académie devrait par contre s’épargner une nouvelle crise sur l’attitude à adopter face aux artistes soupçonnés ou impliqués dans des affaires de violences sexuelles ou sexistes.
Gérard Depardieu ou Ary Abittan, présumés innocents par la justice mais mis en examen pour des viols qu’ils nient, ne sont pas nommés, pas plus que Sofiane Bennacer.
Son cas était le plus radioactif, depuis sa révélation dans « Les Amandiers », le film de sa compagne Valéria Bruni-Tadeschi. La sortie du film a été accompagnée de révélations sur ses mises en examen pour viols, et la réalisatrice a admis en avoir été au courant pendant le tournage.
M. Bennacer n’est finalement pas nommé parmi les espoirs masculins, et les Césars ne devraient donc pas avoir besoin de dégainer la règle adoptée en dernière minute, selon laquelle aucune personne mise en cause « par la justice pour des faits de violence » ne sera « mise en lumière ».
Le long-métrage, retraçant l’aventure du théâtre des Amandiers de Patrice Chéreau, récolte tout de même 7 nominations, dont le meilleur film.
Après ce premier tour, auquel ont participé 67% des 4705 membres de l’Académie, le cinéma français va retourner aux urnes pour décerner les prix, qui seront remis lors d’une soirée présidée par Tahar Rahim sur la scène de l’Olympia.
La présentation sera assurée collégialement par neuf maîtres et maîtresses de cérémonie, d’Emmanuelle Devos à Eye Haïdara, en passant par Alex Lutz et Ahmed Sylla, avec la lourde tâche de remonter des audiences encore catastrophiques l’an dernier (1,3 million de téléspectateurs).