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L’ours a déjà tué un veau

Le seul ours de Suisse est le bienvenu... pour le moment. Keystone

A peine arrivé en Suisse, l’ours a fait une première victime: un jeune veau, retrouvé mort samedi dans les Grisons, avec des morceaux de chair arrachés.

Fataliste, le propriétaire de l’animal n’en veut pourtant pas au plantigrade, avec lequel les bergers vont devoir désormais apprendre à vivre.

L’ours brun, qui a été observé pour la première fois en Suisse il y a quelques jours, a tué un veau âgé d’une semaine dans le Val Munstair, dans les Grisons. Jon Gross, garde-chasse responsable de la région, a confirmé dimanche la nouvelle donnée par le SonntagsBlick, l’édition dominicale du quotidien de boulevard alémanique.

L’animal mort a été retrouvé samedi matin au-dessus du village de Tschierv. Les traces observées permettent de conclure sans ambiguité que le veau a été victime de l’ours. Il lui a assené des coups de griffes sur la tête et dans le dos avant de lui dévorer la partie charnue de la patte arrière droite.

Il faudra vivre avec


La crainte des éleveurs est donc confirmée. La semaine dernière, après l’annonce du retour de l’ours, ils s’étaient néanmoins déclarés prêts à l’accepter pour autant que les coûts supplémentaires de prévention et ceux des dégâts qu’il pourrait causer soient pris en charge par les pouvoirs publics.

La Confédération assumera 80% des frais, les cantons 20%, leur avait répondu l’Office fédéral de l’environnement (OFEFP). Un concept de prévention, semblable à celui établi pour les autres grands prédateurs, est en outre en préparation.

Quoi qu’il en soit et avant de prendre d’éventuelles mesures, Jon Gross veut étudier le comportement de l’ours ces prochains temps. La présence d’un tel animal induit forcément ce genre d’incidents. En Italie aussi, les ours ont tué quelques moutons, a- t-il rappelé.

Pas rancunier, Fadri Conrad, propriétaire du jeune veau, n’en veut pas du tout au plantigrade. «C’est la nature, nous devons nous attendre à des choses pareilles. Je suis content que nous ayons à nouveau un ours, mais plutôt surpris qu’il ne s’en pas plutôt pris à un mouton», a déclaré l’éleveur au SonntagsBlick.

Pas question de tirer


Il n’est pour l’heure pas question d’utiliser des balles en caoutchouc pour éloigner l’animal. C’est seulement s’il descend dans les villages que l’on pourrait en faire usage, estime Jon Gross.

Des analyses ADN de poils et de salive trouvés sur sol suisse devront par ailleurs montrer si l’ours a tué d’autres animaux. Elles permettront également de déterminer son parcours dans la région.

Samedi soir, le plantigrade a été à nouveau aperçu près dde Tschierv. Une centaine de personnes l’ont observé depuis une route. Des notices expliquant comment se comporter en cas de rencontre avec un ours ont été déposées dans les hôtels et bureaux de tourisme du Münstertal.

«Bearmania»

Annoncé de longue date par les spécialistes de la faune, le retour du plantigrade survient très opportunément en cette période estivale ou l’actualité nationale sommeille. Ce qui lui assure un impact médiatique maximum, surtout dans un pays dont la capitale (Berne) tire probablement son nom et en tout cas ses armoiries de l’ours.

En Suisse romande, Le Matin Dimanche consacre une page à Joanna Schönenberger, spécialiste des grands prédateurs au WWF, qui avoue avec enthousiasme avoir toujours eu un faible pour les ours. Pour elle, il a «toujours fait partie des Alpes, presque comme Guillaume Tell».

Le Blick fait nettement plus fort, avec quatre pages «spécial ours». En accord avec la direction du Parc National, le quotidien organise même un concours auprès de ses lecteurs pour trouver un nom au nouvel hôte des Grisons.

Et tout ceci alors que le principal intéressé ne sait même pas qu’il est en Suisse…

swissinfo et les agences

L’ours est probablement arrivé dans le Parc National depuis la région italienne du Trentin, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière suisse, où vivent une douzaine de ses congénères.
Il reste environ 50’000 ours bruns en Europe, dont 25 en Autriche, pays voisin de la Suisse.

– Actuellement en vacances dans le Grisons, le ministre de l’environnement Moritz Leuenberger se réjouit du retour de l’ours en Suisse, qu’il juge «positif pour la biodiversité». «Pas question de le tuer cette fois-ci», a-t-il dit à la Télévision suisse romande.

– Pro Natura et le WWF se réjouissent aussi du retour de l’ours. Pour Joanna Schönenberger, du WWF, la présence de grands prédateurs dans les Alpes est «bénéfique pour l’homme». En effet, les chevreuils et autres sangliers sont trop nombreux et provoquent des dégâts, en mangeant par exemple les pousses d’arbres qui, une fois grands, réduiraient le risque d’avalanche.

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