La Cour des comptes recommande une police de proximité unique
(Keystone-ATS) A Genève, les polices municipales sont menacées de disparition. Dans un rapport publié mardi, la Cour des comptes recommande la suppression de ces corps sous autorité communale. Selon elle, seule la police cantonale devrait assurer les tâches de police de proximité.
Le conseiller d’Etat Mauro Poggia, présent lors de la divulgation de l’audit aux médias, a déclaré partager cette vision. L’élu est conscient que politiquement, le sujet est sensible. Les communes, qui verraient une partie de leurs prérogatives leur échapper tout en devant participer aux coûts, risquent d’être vent debout.
C’est en examinant le dispositif de police de proximité en vigueur dans le canton de Genève que la Cour des comptes est arrivée à la conclusion radicale qu’il fallait sacrifier les polices municipales. Aujourd’hui, Genève compte 180 policiers de proximité cantonaux et 362 agents répartis au sein de 17 polices municipales différentes.
Incohérences
Cette organisation n’est pas satisfaisante sur le plan de l’efficacité, estime la Cour des comptes. Chaque police municipale travaille dans son coin et dispose de sa propre main courante. La coordination entre les polices est clairement insuffisante, a fait savoir Isabelle Terrier, magistrate à la Cour des comptes.
Les forces de police de proximité ne sont pas non plus disséminées équitablement sur le territoire cantonal. Alors qu’à certains endroits, on trouve une concentration de postes de police, dans d’autres lieux du canton, il faut parcourir plus de 10 kilomètres pour en dénicher un.
Il n’y a aucune logique opérationnelle derrière cette répartition, a déploré Mme Terrier. La magistrate a aussi critiqué le fait qu’il n’existait aucune vision commune des missions que doit mener une police de proximité. Ce système a le défaut de créer des inégalités dans les prestations offertes aux administrés.
La Cour des comptes regrette aussi que les effectifs de policiers de proximité ne soient pas fixés dans la loi. Selon elle, pour avoir un service efficace, il faudrait 420 policiers cantonaux pour exercer cette tâche. Des personnes qui ont obtenu le brevet et qui sont autorisées à porter une arme, contrairement aux agents municipaux.
« Pas un bulldozer cantonal »
La mise en place d’une police de proximité unique sous la direction du canton ne sera pas une réforme facile à mener. Le conseiller d’Etat Mauro Poggia ne veut pas brusquer les communes. « Un grand travail de conviction devra être fait », a-t-il précisé. Il faudra évoquer les aspects financiers et définir qui va payer quoi.
Pour le conseiller d’Etat, les changements ne seront probablement pas aboutis d’ici à la fin de la législature, en 2023. Il y aura des phases de transition. Une étape pourrait consister à la création d’une police intégrée qui conserve les agents municipaux, mais les soumet au commandement opérationnel de la police cantonale.