Moscou a mené des centaines d’attaques aux armes à sous-munitions
(Keystone-ATS) La Russie a recouru à une utilisation « massive » aux armes à sous-munitions en Ukraine. Des centaines d’attaques ont provoqué des centaines de victimes civiles et détruit des habitations et des centres de santé, déplore un rapport publié jeudi à Genève.
Moscou est coupable d' »un mépris flagrant pour la vie humaine, les principes humanitaires et les normes juridiques », affirme l’une des responsables de l’Observatoire des armes à sous-munitions, Mary Wareham. Elle appelle à « une condamnation sans équivoque » de cette attitude qui se poursuit. Elle a également dénoncé la fabrication récente de ces armes par Moscou qui fait partie des 16 Etats producteurs.
Au total, la guerre en Ukraine, seul pays où celles-ci ont été utilisées récemment, est responsable des quelque 700 victimes civiles de cet armement de janvier à juin, avec quelques personnes tuées par des restes explosifs. Ce chiffre a augmenté de 300% par rapport à l’année dernière.
Mais il est aussi probablement plus important tant il est difficile d’identifier toutes les personnes tuées en Ukraine, a ajouté un responsable du rapport. Dans ce pays, il commence à se rapprocher de celui en Syrie lors des années les plus meurtrières.
Des centaines d’assauts avec des armes à sous-munitions, dont de nombreux missiles, par les forces russes ont été documentés, mentionnés ou présumés, notamment récemment à Kharkiv. Les forces ukrainiennes semblent également avoir utilisé l’arme au moins à deux reprises.
Russie et Ukraine pas Etats partie à la convention
Ni la Russie ni l’Ukraine ne sont partie à la convention d’interdiction qui rassemble 110 Etats, qui vont se réunir de mardi à vendredi prochain, et 13 signataires. Il est difficile de savoir combien de temps il faudra pour décontaminer l’Ukraine tant que le conflit se poursuit, selon une responsable du rapport.
La Coalition mondiale sur les armes à sous-munitions (CMC) appelle Moscou à mettre un terme immédiatement à ces attaques. Cet armement disperse son contenu sur une large surface.
Au total, dans le monde, près de 150 nouvelles victimes de restes d’armes à sous-munitions ont été identifiées l’année dernière dans une dizaine de pays et territoires, en baisse de plus de la moitié par rapport à 2020. Le nombre total est probablement plus élevé. En revanche, pour la première fois en une décennie, personne n’avait été tué en 2021 directement dans des attaques avec cet armement.
Déminage achevé dans 12 pays
Parmi les victimes, 97% étaient des civils. Le nombre d’enfants tués et blessés a atteint 90, deux tiers du total. La Syrie a fait face à un plus grand nombre de victimes annuelles que tout autre pays mais ce chiffre était au plus bas depuis dix ans l’année dernière.
L’impact de la pandémie semble également avoir étendu les menaces. En raison de difficultés financières, de nombreuses personnes ont été contraintes de travailler dans des zones contaminées par les sous-munitions ou en collectant des restes explosifs. Autre problème, le financement de la lutte contre les sous-munitions reste insuffisant. En revanche, le déminage est lui revenu à un niveau quasi normal.
Les Etats parties ont nettoyé en 2021 au moins 61 km2 de terres contaminées. Près de 82’000 sous-munitions ont été détruites, un chiffre similaire à l’année précédente. Au total, 37 Etats parties, dont la Suisse, ont jusqu’à présent achevé la destruction de 99% des stocks mondiaux d’armes à sous-munitions. Au moins 26 pays et trois autres territoires restent contaminés par des sous-munitions non explosées. Le déminage a été achevé par 12 pays.