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Poutine promet de continuer « soigneusement » son offensive en Ukraine

Evoquant les sanctions internationales qui frappent la Russie, Vladimir Poutine a estimé que les Occidentaux "ne sont arrivés à rien et n'arriveront à rien", alors que l'économie russe a résisté mieux qu'anticipé par les experts. KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY sda-ats

(Keystone-ATS) Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie suspendait sa participation au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire. Pendant ce temps, le président américain Joe Biden a assuré que la Russie ne gagnerait jamais en Ukraine.

Dans un discours d’une heure et quarante-cinq minutes rappelant l’époque de la Guerre froide par sa virulente rhétorique anti-occidentale, M. Poutine a aussi juré de poursuivre « méthodiquement » son offensive en Ukraine.

Les Occidentaux veulent « en finir avec nous une bonne fois pour toutes », a tonné M. Poutine, accusant Washington et ses alliés européens de porter « la responsabilité de l’attisement du conflit ukrainien et de ses victimes ».

Le président américain Joe Biden a de son côté fait une allocution très attendue, à Varsovie, où il s’est trouvé après une visite surprise à Kiev lundi à l’occasion de laquelle il a encore promis des armes aux Ukrainiens.

« Notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas », « l’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, jamais » et « reste libre », a-t-il martelé, parlant de « la volonté de fer de l’Amérique ».

« Pas de complot »

« L’Occident ne complote pas pour attaquer la Russie comme Poutine l’a dit aujourd’hui », a assuré M. Biden. « Les millions de citoyens russes qui veulent seulement vivre en paix avec leurs voisins ne sont pas l’ennemi ».

Vladimir Poutine « pensait que les autocrates comme lui étaient durs et que les dirigeants de la démocratie étaient mous, puis il s’est heurté à la volonté de fer de l’Amérique et des nations du monde entier qui refusent d’accepter un monde gouverné par la peur », a-t-il déclaré.

« Il ne doit y avoir aucun doute: notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas, l’Otan ne sera pas divisée et nous ne lâcherons pas », a assuré le président américain.

Le même jour, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé que les pays membres de l’UE allaient puiser dans leurs stocks pour accélérer les fournitures d’armes et de munitions à l’Ukraine.

« Irresponsable »

M. Poutine a marqué les esprits en annonçant la suspension du traité New Start sur le désarmement nucléaire, se disant en outre prêt à renouer avec les essais nucléaires.

« Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s’en prennent à nos sites nucléaires, c’est pourquoi je suis dans l’obligation d’annoncer que la Russie suspend sa participation au traité (New) Start », a déclaré le président russe.

Une annoncé peu après atténué par son ministère des Affaires étrangères assurant dans un communiqué que « la Russie entend conserver une approche responsable et continuera, pendant la durée de vie du traité, à respecter strictement les limites quantitatives des armes stratégiques offensives ».

Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et vise à limiter leurs arsenaux nucléaires. La Russie avait déjà annoncé début août suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires.

M. Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir « prêtes à réaliser des essais d’armes nucléaires », au cas où les Etats-Unis en feraient en premier.

« Irresponsable »

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a jugé la décision de la Russie sur New Start « irresponsable », tout en assurant que les Etats-Unis « restent prêts à discuter sur les armes stratégiques » avec Moscou.

Paris a rappelé que le traité New Start constituait « un instrument essentiel » de stabilité stratégique.

Londres a souligné que le contrôle des armements était « vital » pour la sécurité, cependant que le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a dit « regretter » la décision russe.

Un monde sans contrôle des armements nucléaires est « bien plus dangereux », a insisté de son côté Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres.

« Sans pitié »

M. Poutine a aussi juré de remplir « pas à pas, soigneusement et méthodiquement » les objectifs de son offensive en Ukraine qui a été marquée ces derniers mois par une série de revers militaires humiliants pour Moscou mais aussi, plus récemment, par de petites avancées dans l’est.

« Mais ils ne sont pas sans savoir qu’il est impossible de battre la Russie sur le champ de bataille », a ajouté le maître du Kremlin.

Pendant le discours de M. Poutine, les forces russes ont bombardé des immeubles à Kherson, dans le sud de l’Ukraine, causant la mort d’au moins cinq civils, selon les autorités ukrainiennes.

La Russie « tue sans pitié la population civile », a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les images diffusées après cette frappe montrent des corps, l’un recouvert par une bâche pour le cacher, gisant au sol à proximité d’un arrêt de bus et un supermarché détruit.

– Soutien militaire chinois ? –

Evoquant les sanctions qui frappent la Russie, M. Poutine a estimé mardi que les Occidentaux n’arriveraient « à rien », l’économie russe résistant mieux que prévu.

Signe que la répression interne accompagnant l’offensive militaire risque de s’aggraver, le chef de l’Etat russe a aussi averti que « ceux qui ont choisi de trahir la Russie » devaient « être tenus pour responsables devant la loi ».

« Décadence »

Dans la lignée de ses litanies présentant l’Amérique et l’Europe comme « décadentes », Vladimir Poutine a également accusé les Occidentaux d’avoir érigé « la perversion et la maltraitance des enfants, jusqu’à la pédophilie (…) en norme ».

Sans même attendre la fin de son discours, la Maison Blanche a dénoncé l' »absurdité » de la rhétorique anti-occidentale du président russe.

Les Occidentaux ont exprimé cette semaine leurs inquiétudes face à la possibilité que la Chine, partenaire de la Russie, lui livre des armes, une éventualité balayée par Pékin.

Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi est arrivé à Moscou et doit s’entretenir avec son homologue russe Sergueï Lavrov mercredi, après un appel de Pékin à « promouvoir le dialogue » en Ukraine face à un conflit qui « s’intensifie et devient même hors de contrôle ».

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