La Suisse retrouve son Messi pour affronter l’Argentine
«Shaqiri, Shaqiri, Shaqiri», s’enthousiasme la presse helvétique au lendemain du triplé de la star de l’équipe nationale, qui propulse la Suisse en huitièmes de finale du Mondial brésilien. En battant le Honduras 3 à 0, la sélection d’Ottmar Hitzfeld donne rendez-vous à l’Argentine de Lionel Messi mardi 1er juillet à Sao Paulo.
Très critiquée après sa lourde défaite contre la France (5-2), la sélection helvétique est portée aux nues par la presse nationale au lendemain de sa qualification pour les huitièmes de finale du Mondial brésilien. Pour Le MatinLien externe, la «Nati», surnom donné à l’équipe de Suisse de football, est passée en quelques jours «du cauchemar au rêve». «Cinq jours après avoir touché le fond contre la France à Salvador de Bahía, l’équipe de Suisse a parfaitement remis l’église au milieu du village, retrouvant ses valeurs pour disposer (3-0), hier à Manaus, d’un Honduras certes vite dépassé par les événements», écrit le quotidien édité à Lausanne.
« Les Suisses ont passé avec bravoure ce test de caractère et de maturité. Ils ont montré qu’ils avaient de la classe et de la substance. »
«Les Suisses ont passé avec bravoure ce test de caractère et de maturité. Ils ont montré qu’ils avaient de la classe et de la substance», commente le quotidien de boulevard germanophone Blick. «Le succès de haut vol obtenu par la Suisse contre le Honduras a été acquis grâce à une discipline et une solidarité de tous les instants», souligne quant à lui le gratuit 20minutesLien externe. Le sélectionneur national, Ottmar Hitzfeld, ne s’y est pas trompé, lui qui a déclaré après le match que son équipe avait «fait l’étalage de ses capacités avec discipline, volonté, sacrifices et passion», comme le rapporte 20minutes.
Pour la petite nation du football qu’est la Suisse, le saut parmi les 16 meilleures équipes de la planète est un énorme succès, estime la Basler ZeitungLien externe. «D’autres grandes nations telles que l’Espagne, l’Italie ou l’Angleterre sont déjà de retour à la maison. Hitzfeld a réussi à faire gagner sa sélection dans des conditions difficiles. Cela mérite le respect».
Et le quotidien bâlois de souligner les particularités de cette génération «spéciale» de footballeurs pour la plupart issus de l’immigration, qui lui vaut des louanges mais aussi parfois d’acerbes critiques: «Elle se coupe les cheveux à la manière des Iroquois, se tatoue les bras et les jambes. Elle est prête à conquérir le monde entier. Elle est sans aucun doute talentueuse et travailleuse. Mais elle a également un penchant pour l’arrogance, il lui manque souvent la vision réaliste de l’ensemble, l’humilité. Ce n’est pas toujours bien vu – surtout dans un pays qui a beaucoup de mal avec les attributs non-suisses».
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Shaqiri répond aux critiques
En marquant dès la 6e minute d’une frappe enroulée du gauche en pleine lucarne, avant de réussir un triplé, le deuxième de ce Mondial après celui de l’Allemand Thomas Müller, Xherdan Shaqiri a incontestablement marqué le match de son empreinte. «La réponse de l’artiste», titre le Tages-AnzeigerLien externe, pour qui «Shaqiri a été un événement dans ce match, un Superman dans la tempête, agile et dynamique comme dans ses meilleurs jours».
«L’homme de la qualification s’appelle Xherdan Shaqiri. XS, selon l’abréviation footballistique de ses initiales, délivre une performance en format XXXL. Trois pions et une disponibilité constante suffisent à lui tailler une prestation de cette dimension», écrit pour sa part Stéphane Fournier, envoyé spécial de plusieurs quotidiens régionaux francophones au Brésil. Critiqué après ses prestations en demi-teinte face à l’Equateur (victoire 2-1 de la Suisse sur le fil) et la France, la star du Bayern de Munich a pesé de tout son poids sur une défense hondurienne perméable. «Si les critiques l’énervent comme il l’a avoué, elles ont l’immense mérite de l’inspirer. A Manaus, on a enfin retrouvé le Xherdan Shaqiri des grands jours», souligne SportinformationLien externe.
Pour Le Matin, Xherdan Shaqiri est d’ores et déjà entré dans les archives nationales: «Sous le feu des critiques après deux matches parce qu’on attendait tant de lui, le lutin du Bayern Munich est devenu hier le premier joueur helvétique à inscrire un triplé en Coupe du monde depuis le 26 juin 1954, il y a soixante ans pile poil, jour de l’incroyable quart de finale Suisse-Autriche à la Pontaise (5-7), au cours duquel le Bâlois Sepp Hügi avait inscrit trois pions en vain. »
Face à Messi, tout est possible
Et maintenant, place à la grande Argentine de Lionel Messi, mardi en huitièmes de finale, à Sao Paulo. «Un adversaire contre lequel on n’attend rien. Et c’est peut-être dans ce rôle-là que la Suisse est la meilleure», avance le Teletext. Lien externe«Nous n’avons rien à perdre, le devoir est accompli, place à la figure libre. Et depuis le gala de Shaqiri, nous savons que nous avons notre propre Messi», s’enthousiasme BlickLien externe.
La Tribune de GenèveLien externe et 24heuresLien externe mettent toutefois en garde: «Cette équipe de Suisse ne doit pas considérer sa qualification comme un accomplissement. Elle a commis cette erreur en 2006 et l’on sait les conséquences: supérieure à l’Ukraine, la sélection de Kuhn s’était effacée aux tirs au but, faute d’avoir envisagé sérieusement un quart de finale possible comme une responsabilité à assumer».
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