Turquie: offensive judiciaire contre le mouvement Gülen
(Keystone-ATS) Le pouvoir turc a lancé une vaste enquête judiciaire contre le mouvement religieux de Fethullah Gülen, a rapporté lundi la presse turque. Le prédicateur exilé est l’ennemi du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.
La direction nationale de la sûreté a adressé le 25 juin à la police de 30 provinces de Turquie l’ordre de sévir contre les membres et les ramifications de cette influente confrérie. Elle est accusée de comploter contre le régime de M. Erdogan et de vouloir « renverser l’ordre constitutionnel », précise le journal en ligne « Radikal ».
Chasse à l’homme
La police est notamment sommée d’enquêter pour établir si le mouvement Hizmet (service en turc) de M. Gülen est une « organisation armée » et sur l’implication présumée de policiers proches du mouvement dans des assassinats qui ont choqué la Turquie ces dix dernières années. En 2007, celui du journaliste turco-arménien Hrant Dink avait secoué le pays.
Le pouvoir turc demande également à la police nationale de lancer une véritable chasse à l’homme sur le territoire pour établir l’identité des membres de la confrérie au sein de la police, de l’armée et des services de renseignements. Des surveillances et des écoutes à leur encontre peuvent être réalisées.
Les élèves des écoles privées que dirige la communauté musulmane de M. Gülen sont aussi dans le collimateur de la police qui a reçu l’ordre de recueillir des renseignements à leur égard, affirme encore « Radikal ».
« La guerre est lancée »
M. Erdogan, candidat donné gagnant à la présidentielle d’août, a rompu avec Fethullah Gülen, qui avait soutenu son accession au pouvoir en 2002. Il accuse son organisation d’avoir manipulé une enquête de corruption inédite lancée en décembre dernier visant sa personne et son entourage pour renverser son régime.
Depuis, la guerre est lancée. Le pouvoir turc a procédé à une purge massive au sein de la police et de la magistrature contre ce qu’il appelle « l’Etat parallèle ».
Dimanche encore, M. Erdogan a promis de lutter « avec de plus de force encore » s’il était élu contre le mouvement Gülen, qui dirige officiellement un réseau d’écoles et des oeuvres de charité.