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Un dirigeant musulman favorable à la transparence du financement

Le président de la Ligue des musulmans de Suisse, Mansour Ben Yahya, est favorable à la transparence sur le financement des mosquées (ici celle d'Ar'Rahman à Bienne, sous les feux de la rampe en raison d'un imam radicalisé) (archives). KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Mansour Ben Yahya, le président de la Ligue des musulmans de Suisse, est favorable à imposer la transparence dans le financement des mosquées. Le Conseil national vient d’adopter de justesse une motion en ce sens.

“La Ligue est inscrite au registre du commerce, de ce fait, chaque année nos comptes sont envoyés aux autorités compétentes. J’invite toutes les mosquées et tous les centres islamiques à suivre cet exemple”, a dit lundi Mansour Ben Yahya dans un entretien publié dans Le Journal du Jura et le Bieler Tagblatt, en marge de la rencontre annuelle de la Ligue, qui s’est tenue samedi à Bienne.

S’agissant de la nécessité de former préalablement en Suisse les imams qui prêchent dans le pays, le président de la Ligue des musulmans de Suisse y est aussi plutôt favorable. “La question mérite d’être discutée. Il me semble qu’une personne qui me guide ici dans mes prières a tout avantage à connaître la société dans laquelle nous vivons”, répond M. Ben Mansour.

Chartes en cours d’élaboration

Il emboîte ainsi le pas de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), qui travaille sur deux chartes pour mieux contrôler ses membres. L’une concerne les imams et l’autre les présidents d’associations musulmanes, a annoncé récemment dans la presse le président de cette fédération, Montassar BenMrad.

Concernant la formation des imams, M. BenMrad se disait favorable à des enseignements complémentaires en Suisse, “comme cela se fait actuellement”. Créer une formation théologique en Suisse serait trop cher pour les associations, “qui ont peu de moyens”, relevait-il cependant.

A propos du financement des mosquées en Suisse, le président de la FOIS affirme qu’elles sont “prêtes à ouvrir leurs comptes”. Il rappelle que la quasi-totalité d’entre elles “sont financées localement”.

Motion de la Lega au National

Le sujet préoccupe aussi les parlementaires fédéraux. Durant la récente session d’automne, le Conseil national a soutenu, par 94 voix contre 89, une motion de Lorenzo Quadri (Lega/TI) qui vise à priver les lieux de culte musulmans de financements étrangers et à obliger les imams à prêcher dans une langue nationale. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

L’élu de la Lega se référait notamment au cas d’un imam radicalisé de Bienne. Le Conseil fédéral s’oppose à cette motion, car elle discrimine les communautés musulmanes et les imams en les plaçant sous le sceau d’un soupçon généralisé. Elle offre ainsi un argument de plus aux extrémistes qui jouent de cette discrimination.

Selon le gouvernement, l’arsenal législatif actuel suffit pour combattre les risques de radicalisation, même si cela n’exclut pas qu’il puisse être renforcé ponctuellement. De plus, les libertés de religion, d’association et de langue s’appliquent autant aux musulmans qu’aux personnes d’une autre religion ou sans religion, souligne le Conseil fédéral.

De son côté, le Conseil des Etats a renvoyé en commission une motion qui veut obliger les fondations religieuses à montrer patte blanche en matière de financement du terrorisme. Il souhaite en effet introduire une exception pour celles qui sont reconnues de longue date en Suisse.

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