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Vaud: mieux s’occuper des accouchements traumatiques

Le Département vaudois de la santé de Rebecca Ruiz et le CHUV prennent des mesures contre les violences obstétricales. KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le canton de Vaud innove en matière d’obstétrique. Il a mis en place un dispositif avec la maternité du CHUV pour prendre en charge les accouchements difficiles, en permettant notamment aux femmes de s’exprimer après coup sur une expérience traumatisante.

Chaque femme passée par le CHUV à Lausanne se verra proposer “un entretien de vécu d’accouchement”, a annoncé jeudi la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz devant la presse. L’objectif consiste à réduire les risques de stress post-traumatique dont souffrent de nombreuses mères, a expliqué la cheffe du Département de la santé et de l’action sociale.

Une telle pratique existe déjà par exemple aux HUG à Genève, mais le CHUV va encore “un cran plus loin” en proposant “systématiquement” ce genre de rendez-vous, a-t-elle relevé. L’idée est aussi de recueillir les témoignages pour réaliser des études scientifiques sur une problématique encore peu connue. Ces entretiens serviront également pour la formation continue des médecins et des sages-femmes.

“Nous voulons permettre aux mamans de vider leur sac”, a indiqué Valentine Annen, sage-femme au CHUV. Ces entretiens, qui seront proposés gratuitement dès le mois d’avril, seront menés avec une sage-femme. Il sera également possible de demander la présence d’un médecin.

Les consultations seront proposées six semaines après l’accouchement. “Si elles ont lieu trop tôt, il y a un risque de créer artificiellement un stress. Il faut aussi laisser le temps aux femmes d’utiliser leurs propres ressources” pour surmonter un éventuel accouchement difficile, a précisé Mme Annen.

Prévention renforcée

“Nous n’allons pas attendre que les femmes viennent frapper à notre porte. Toutes les patientes se verront proposer systématiquement un tel entretien ce qui, à ma connaissance, est unique”, a affirmé David Baud, le chef du Service d’obstétrique du CHUV.

Il a expliqué que le nouveau dispositif vaudois prévoyait d’autres mesures, proposées celles-ci avant l’accouchement. Quatorze vidéos sont notamment en cours de réalisation pour mieux comprendre les choix médicaux lors d’un accouchement, comme l’épisiotomie, la césarienne ou l’utilisation de forceps. Un feuillet d’informations sera parallèlement remis à chaque femme souhaitant accoucher au CHUV.

Dès le deuxième semestre 2020, un “entretien de projet d’accouchement” sera aussi suggéré entre la 26e et 34e de grossesse. Il sera mené par une sage-femme, et s’ajoutera aux dispositions déjà en vigueur comme les cours de préparation à la naissance.

L’idée consiste à donner le maximum d’informations aux futures mères. “Elles doivent être informées au mieux sur les actes qui pourraient être proposés ou pratiqués, notamment en situation d’urgence”, a expliqué le professeur Baud.

Selon une étude du CHUV, 21% des femmes ayant donné la vie dans l’établissement présentent un stress post-traumatique un mois après l’accouchement. Les pères sont aussi concernés dans 7% des cas. “Les conséquences sont importantes pour la santé de la femme, son intégrité, d’éventuelles futures grossesses et le bon développement de l’enfant”, a souligné Rebecca Ruiz, qui s’était déjà engagée contre les violences obstétricales lorsqu’elle était conseillère nationale.

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