Une folie douce mais sans émotion
Au Théâtre Le Poche, à Genève, l'auteur alémanique Matthias Zschokke met en scène sa pièce «La Commissaire chantante».
Telle une porte qui cède à tous les vents, «La Commissaire chantante», pièce de Matthias Zschokke, montée par l’auteur lui-même au Poche de Genève, charrie les échos d’un monde intérieur guetté par la solitude et son pendant: la folie douce.
Ce monde-là est celui de Madame Bergfeld, ancienne chanteuse devenue commissaire, et qui est de garde, un soir de la Saint-Sylvestre, dans un commissariat berlinois où elle travaille depuis plusieurs années. Et où elle est en duplex, ce soir de fête, avec une émission radiophonique qui transmet «le déroulement de la dernière nuit de l’année».
Un ange distrait
La folie, c’est ce que redoute Matthias Zschokke pour Madame Bergfeld. Et c’est ce qu’il décompose, sous plusieurs angles, en mettant dans la bouche de son héroïne ses anciennes chansons, mélodies nostalgiques du passé.
En l’invitant aussi à raconter ce passé par des éclats de conscience où le récit d’amours et d’amitiés, souvent inabouties, est parfois interrompu par les apparitions insolites d’un ancien fonctionnaire. Auquel l’acteur Jacques Denis prête sa vive lumière d’ange distrait.
C’est Martine Paschoud qui joue le rôle de la commissaire. La comédienne connaît bien Matthias Zschokke pour avoir monté et fait découvrir en Suisse romande deux de ses pièces: «L’heure bleue ou la nuit des corsaires» et «Les Alphabètes».
Ici, elle radoucit et tempère les angoisses de son personnage à travers un jeu où l’inquiétude (que suscite la solitude) est récupérée par la caricature. Zschokke craignait-il l’émotion et le pathos? Sa mise en scène le fait croire en tout cas. Très rares sont les moments où l’émotion s’installe.
Sans doute, aurait-il fallu réduire davantage un texte bavard pour rendre plus soudaine et plus douloureuse l’explosion du désespoir.
swissinfo/Ghania Adamo
«La Commissaire chantante», Genève, Théâtre Le Poche, jusqu’au 5 mai. Tel: 022/310 37 59
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