Mort du rockeur Dick Rivers
(Keystone-ATS) Le rockeur français Dick Rivers est décédé d’un cancer mercredi, le jour de son 74e anniversaire, a indiqué son manager. Il a passé dans plusieurs festivals en Suisse, dans le Jura, à Payerne et à Fribourg notamment.
Figure majeure du rock ‘n’ roll français, aux côtés de Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell, l’ex-leader du groupe Les Chats sauvages s’est éteint à l’hôpital américain à Paris, a précisé Denis Sabouret. Auteur de 35 albums en 55 ans de carrière, il a connu le succès dans les années 60 et 70. Dick Rivers s’était composé de toutes pièces un personnage de rocker-crooner à la française.
Né le 24 avril 1945 à Nice, fils unique d’un boucher, Hervé Forneri fonde Les Chats Sauvages à quinze ans et devient Dick Rivers en s’inspirant de Deke Rivers, personnage joué par Elvis Presley dans le film de Hal Kanter « Loving You » (1957). Il adopte banane gominée et bottes de cow-boy.
Le rêve américain fait tourner la tête du jeune Hervé. Après avoir découvert Elvis chanter, il dira: « J’ai trouvé Dieu! ». « Cela fait cinquante ans que je chante, que je vis ma vie, la vie que j’invente (…), les années 1960 c’est hier, je respire encore leur poussière », chantera-t-il en 2011.
Avec les Chats Sauvages, il publie en avril 1961 son premier 45 tours, « Ma p’tite amie est vache », monte à Paris: « Je suis passé brutalement de la Mobylette à la Cadillac », dit-il. Deux ans plus tard, après « Twist à Saint-Tropez » et autres succès adaptés de tubes anglo-saxons, il se lance en solo.
Passage à vide
Il se cantonne au rôle d’interprète, reste fidèle à ses choix malgré les traversées du désert: « Je n’ai jamais enregistré de soupe pour être à la mode ». Il rencontre Elvis à Las Vegas en 1969 mais le mouvement hippie de la fin des années 1960 lui est presque fatal. Le public boude alors plusieurs albums.
Au début des années 1970, il travaille avec Alain Bashung, directeur artistique de trois de ses albums. Suivent des succès comme « Maman n’aime pas ma musique » (1974) ou « Faire un pont » (1976), adapté du « Take Me Home, Country Roads » de John Denver, dans l’album « Mississipi River’s » à la pochette dessinée par Morris (Lucky Luke).
En 1984, c’est « Nice Baie des Anges » et deux ans après, un livre de souvenirs, « Hamburger, pan-bagnat, rock’n’roll ». Il écrira aussi deux romans: « Complot à Memphis » (1989) et « Texas Blue » (2001). Les années 1990 marquent un tournant. Il retrouve la scène en 1995 après 19 ans d’absence, la popularité de sa caricature télévisée en France « Didier l’Embrouille » lui profite.
Acteur au cinéma et sur scène
Au cinéma, il débute en 1999 dans « La candide Madame Duff » du réalisateur français Jean-Pierre Mocky qu’il retrouvera pour « Le Furet » (2003). Il est invité au Festival de Cannes en 2005 par le réalisateur et producteur américain George Lucas. Il joue aussi en France au Théâtre National de Chaillot dans « Les Paravents » de Jean Genet (2004).
Ses disques deviennent de plus en plus personnels, il fait appel à de jeunes talents (Benjamin Biolay ou Mickey 3D notamment). Dans un livre d’entretiens publié parallèlement, il dit sa frustration d’être la « troisième roue de la charrette » du rock français et se plaint du « manque de reconnaissance » de la part d’animateurs de télévision.
En 2018, bien que n’appréciant pas trop la nostalgie, il a participé à la tournée « Age tendre » dans toute la France avec plusieurs autres stars des années 60 et 70. « Il ne faut jamais se prendre au sérieux, et toujours remettre le couvert. Chaque fois que je fais un nouveau disque, j’ai l’impression que c’est le premier », assurait-il.