Quarante-cinq journalistes agressés au Mexique depuis janvier
(Keystone-ATS) La campagne présidentielle au Mexique a favorisé les attaques contre les journalistes, ont dénoncé lundi des organisations de défense de la liberté de la presse. Celles-ci ont documenté 45 cas au cours des cinq premiers mois de l’année.
Le nombre réel d’attaques contre des journalistes entre le 1er janvier et le 31 mai 2018 serait même plus élevé car « de nombreux journalistes préfèrent garder le silence afin de protéger leur sécurité dans les zones à risque », a estimé Balbina Flores, représentante au Mexique de Reporters sans frontières (RSF) lors d’une conférence de presse.
Le Mexique, qui élira un nouveau président le 1er juillet, est considéré comme l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes, avec plus de 100 journalistes tués depuis 2000. Depuis le début de l’année au moins cinq d’entre eux ont été assassinés.
La plupart de ces crimes restent impunis. Le 15 mai, date anniversaire de l’assassinat du journaliste d’investigation Javier Valdez en 2017, des manifestants se sont rassemblés pour réclamer justice malgré l’arrestation d’un des auteurs présumés du crime. Le meurtre de ce journaliste réputé, cofondateur de l’hebdomadaire Riodoce, collaborateur du quotidien La Jornada et pigiste à l’AFP, avait provoqué une vague d’indignation internationale.
Mai très violent
Sur les 45 attaques documentées, 16 étaient contre des femmes, 29 contre des hommes et quatre contre des organes de presse. La plupart d’entre elles étaient des menaces, des agressions physiques et des campagnes de diffamation. Le mois le plus violent a été le mois de mai, la représentante de RSF estimant que « lorsque le processus électoral touche à sa fin, les agressions augmentent ».
Selon l’étude, les principaux agresseurs sont les coalitions politiques à la conquête du pouvoir dans les différentes régions du Mexique, dont beaucoup sont infiltrées par le crime organisé. « La presse est un danger pour le pouvoir politique corrompu », a déclaré Sara Mendiola, directrice de Propuesta Civica.
Les deux ONG ont exhorté les autorités et les médias à fournir des protocoles de sécurité pour leurs reporters lors de la couverture des élections ainsi qu’après les élections.
Politiciens locaux aussi touchés
La campagne électorale a également connu un nombre record d’attaques et d’assassinats contre des politiciens locaux. Selon les chiffres de la société de conseil Etellekt, depuis septembre, au moins 113 d’entre eux ont été assassinés.