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Alliance entre IBM et l’EPFZ dans la nanotechnologie

IBM-Forschungslabor Zürich

L'Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ) et IBM voient grand: ils investiront 90 millions de dollars pour un nouveau laboratoire en nanotechnologie à Rüschlikon, près de Zurich. Y a-t-il trop de projets en Suisse? Absolument pas, répondent les intéressés.

Entre IBM et l’EPFZ, c’est déjà une longue histoire d’amour. Ouvert en 1956, le Laboratoire de recherche du constructeur électronique américain à Rüschlikon a fourni deux prix Nobel en association avec le «poly».

Les deux partenaires passent désormais à la vitesse supérieure en concluant un accord stratégique dans le domaine très porteur des nanotechnologies. Ils l’ont présenté mercredi à la presse devant un parterre de journalistes venus de toute l’Europe.

Au total, 90 millions de dollars (93,4 millions de francs) seront investis pour un nouveau centre de recherche sur le site d’IBM à Rüschlikon. Le bâtiment de 60 millions de dollars sera financé par l’entreprise, tandis que les coûts d’équipement (30 mios) seront divisés en deux avec l’EPF.

La haute école louera ses espaces pendant au moins dix ans. Le budget annuel de fonctionnement, également divisé en deux, est devisé à 3,6 millions de francs. Première pierre: mars 2009. Ouverture prévue: 2011. Entre 40 et 100 chercheurs y travailleront.

«C’est la première fois en Suisse que l’industrie et une haute école ne se contentent pas de partager l’infrastructure de recherche, mais la créent ensemble», a déclaré hier matin Matthias Kaiserswerth, directeur du laboratoire de recherche IBM Zurich. Et dans ce contrat qualifié de «pionnier», rien n’a été laissé au hasard.

Espaces bien délimités

Ainsi, l’accord prévoit une utilisation très précise des espaces, «séparés et accessibles avec des badges»: il y aura un laboratoire commun (400 mètres carrés), un laboratoire IBM (270) et un labo EPF (260). Des bureaux et des laboratoires «secs» occuperont encore une surface de 1500 mètres carrés.

Les expériences en nanotechnologie étant «extrêmement sensibles», a encore expliqué Matthias Kaiserswerth, les laboratoires seront triplement isolés, contre les vibrations acoustiques, les champs électromagnétiques à basse fréquence et les fluctuations de température.

Le partenariat règle aussi la question des droits d’auteur. «Nous avons des accords de droits d’auteur très précis, a précisé Peter Chen, vice-président de l’EPF de Zurich pour la recherche. Des droits communs protégeront les recherches communes, mais le produit final aura une licence exclusive.»

«Plus grand partenariat»

Selon le président de l’EPF zurichoise Ralph Eichler, «c’est le plus grand partenariat public-privé conclu à ce jour. De plus, ce n’est pas un accord purement bilatéral mais aussi multilatéral puisque nous collaborerons avec des tiers, institutionnels ou privés.»

Premier partenaire du futur centre de recherche: le centre de nanotechnologies de Thoune, filiale du laboratoire fédéral d’essai des matériaux (EMPA).

«Une école d’ingénieurs»

L’EMPA collaborant aussi avec le nouvel Institut Adolphe Merkle (AMI) de l’Université de Fribourg, créé grâce à un don de 100 millions de francs de l’entrepreneur du même nom, l’EPF de Zurich ne vient-elle pas chasser sur les mêmes terres?

«Absolument pas, répond Ralph Eichler. La nanotechnologie concerne de très nombreux domaines. Et l’EPF est une école d’ingénieurs. Contrairement aux universités, nous sommes spécialisés sur la fabrication de produits.»

A Fribourg, l’Université a créé, outre l’AMI l’an dernier, un «Fribourg Centre for nanomatériaux» (Frimat), grâce au même donateur. L’arrivée d’un nouvel acteur, qui plus est prestigieux, est considéré avec sérénité.

Compétition «normale»

«Il y a des similitudes entre les deux centres, mais nous ne sommes pas complètement sur le même terrain, répond le secrétaire général de l’Université Daniel Schönmann. La nanotechnologie est très vaste. Nous couvrons des domaines différents.»

«Chez nous, poursuit-il, le lien avec l’enseignement universitaire est plus fort. Il est normal, dans ce secteur tellement dynamique, qu’il y ait une compétition.»

Petite différence encore, mais non des moindres: l’AMI est déjà au travail. Un premier groupe de chercheurs a entamé ses travaux, un deuxième se prépare.

Jusqu’à 160 chercheurs à Fribourg

Après la phase provisoire et l’aménagement des locaux prévus, vers 2010-2011, 160 chercheurs pourront être engagés par l’institut, dont le budget annuel devrait avoisiner les 5 millions de francs. Ne risque-t-il pas d’y avoir trop de capacités en Suisse? «Dans ce domaine-là, non, aucun risque», assure le secrétaire général.

Fribourg se félicite donc de son programme, même s’il n’est pas intégré dans le réseau du Pôle de recherche national (PRN) nanosciences, dont le centre est à Bâle, et où l’EPF et IMB sont eux bien présents.

Zurich, Ariane Gigon

La nanotechnologie concentre sur les structures et les procédés inférieurs à 100 nanomètres, soit près de 400 fois plus petis qu’un cheveu humain.

De nombreux processus fondamentaux en biologie, chimie et physique ont lieu à l’échelle nanométrique et peuvent être contrôlés de manière inédite.

Les perspectives sont intéressantes dans de nombreuses disciplines, telles que matériaux, technologies de l’information et de la communication, senseurs, sciences de la vie et technologies de l’énergie.

(Source: EPF)

Le Pôle de recherche national (PRN) en nanosciences est une interface entre les institutions de recherche et l’industre.
Il est installé à l’Institut de physique et d’astronomie de l’Université de Bâle.

Le réseau de l’Institut suisse de nanoscience comprend le laboratoire IBM de Rüschlikon, l’EPF de Lausanne, l’EPF de Zurich, l’Université de Neuchâtel, l’Université de Zurich, l’EMPA, le CSEM de Neuchâtel et l’Institut Paul Scherrer de Villigen, de même que l’Université des sciences appliquées de Bâle (FHNW).

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