Tirs contre un bateau transportant des migrants, une Marocaine tuée
(Keystone-ATS) La marine marocaine a tiré mardi contre une embarcation à moteur qui transportait des migrants clandestins. Le pilote du bateau, un Espagnol, n’a pas obtempéré aux ordres de s’arrêter. Une Marocaine a été tuée et trois autres personnes ont été blessées.
Les faits se sont produits dans les eaux marocaines au large de M’diq-Fnideq (nord), ont annoncé les autorités locales dans un communiqué. Quatre migrants, qui se trouvaient à bord, ont été blessés, dont une Marocaine qui a succombé à ses blessures à l’hôpital, a précisé un responsable du ministère marocain de l’Intérieur. Ils « voyageaient couchés et n’étaient pas visibles », selon la même source.
La personne décédée avait 22 ans et était originaire de Tétouan (nord), a déclaré à l’AFP le président de l’Observatoire du nord pour les droits de l’Homme Mohamed Benaïssa, basé à Fnideq. Deux autres blessés sont originaires de la même ville, a-t-il précisé. Le troisième blessé vient d’Al-Hoceïma, la capitale régionale du Rif (nord) et se trouve dans un « état critique, le bras amputé » et a été transféré à Rabat, a indiqué M. Benaïssa.
Au total, quelque « 25 personnes naviguaient à bord du bateau, dont les passeurs qui sont espagnols », a-t-il souligné. Le pilote n’a pas été touché par les tirs et a été arrêté, a déclaré le représentant des autorités locales. Une enquête a été ouverte.
Par le Maroc
Depuis le début de l’année, et ce jusqu’à la mi-septembre, quelque 38’850 personnes sont passées en Espagne à partir des côtes marocaines, selon des chiffres des Nations unies. Cela représente au moins le double du chiffre à la même période en 2017. Les autorités marocaines ont pour leur part indiqué avoir fait avorter 54’000 tentatives de passage vers l’Union européenne, depuis janvier.
Ces tentatives ont concerné 7100 Marocains à fin août 2018, selon des chiffres présentés jeudi dernier par le porte-parole du gouvernement marocain.
Le Maroc est devenu en juillet le principal pays de départ des migrants qui cherchent à atteindre l’Europe, l’Italie ayant adopté une ligne plus dure vis-à-vis des migrants après l’arrivée au gouvernement, en juin, d’une coalition dont l’un des deux partis est la Ligue, classée à l’extrême droite.
Selon des statistiques officielles, le Maroc est marqué par de grandes inégalités sociales et territoriales, sur fond de chômage élevé chez les jeunes. Ceux-ci, qui représentent le tiers de la population, sont particulièrement touchés par l’exclusion sociale, avec 27,5% des 15-24 ans – soit près de 1,7 million de personnes – hors du système scolaire et sans emploi.