Bex Rock: ouverture en celte majeur

Pourquoi si tôt? Vendredi en ouverture du 3e Festival Rock de Bex, la tribu de Manau a eu quelque peine à chauffer une audience encore trop clairsemée. Le groupe français, pourtant, aurait mérité mieux, tant il a su se montrer riche et généreux.
«Même nous, on a eu du mal à démarrer, confiaient Cédric et Martial, les deux têtes de Manau, à leur sortie de scène. Nous ne sommes pas habitués à jouer alors qu’il fait encore jour. Pourtant, en général, le public suisse répond bien, et même ici, il ne nous a pas déçus.»
Le groupe non plus n’a pas déçu. Avec son second album, «Fest Noz dePaname», Manau a considérablement enrichi sa palette sonore, allant de l’accordéon bastringue au blues, sans se départir de ses racines celtiques.
Les textes sont également nettement plus travaillés. De l’hymne guerrier ou du chant populaire, on est passé à une vraie poésie, humaine et engagée, sans être agressive comme le sont trop souvent les manifestes des rappeurs.
D’ailleurs, Martial et Cédric refusent cette étiquette: «Allez parler de rap français à New York, on vous dira que ça n’existe pas. On est toujours le rappeur de quelqu’un, mais nous préférons dire que nous faisons simplement de la musique.»
Il n’empêche: à l’heure où le soleil commence à descendre sur la plaine du Rhône, c’est bien «Le loup, le renard et la belette» et «La tribu de Dana» qui enflamment littéralement l’auditoire.
Et ces deux hymnes pourtant déjà anciens sont repris en cœur par deux générations. Les ados se souviennent de leurs premières boums, tandis que, dans les yeux de leurs parents, plane la nostalgie d’Alan Stivell et de Malicorne.
La nuit est tombée, changement complet de décor avec les Finlandais de Him. Amplis Marshall, guitares hurlantes, dégaines de vieux rockers, le groupe se complaît dans les tempos mi-lents, striés des hurlements d’un chanteur qui cultive un petit air de Jim Morrison, la concentration en plus et la folie en moins.
Concentrée, la foule l’est aussi, mais toujours trop clairsemée.
Vingt-trois heures. Le chapiteau s’est un peu rempli pour acclamer le retour de Marillion. Apparemment bien remis du départ de Fish, son chanteur de légende, le groupe sait encore ravir ses fans. Rythmique implacable, amples nappes de claviers mêlées aux arpèges des guitares, vocaux lumineux (Steve Hogarth, le petit nouveau, s’en sort très bien), les Anglais ne renient rien des recettes qui ont fait leur gloire. Et qui sont, en gros, celle de tous les groupes «progressistes» des seventies, Genesis en tête.
Le tout en un peu plus carré tout de même.
Marc-André Miserez

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