Pékin confirme l’expulsion imminente d’une journaliste française
(Keystone-ATS) La Chine a confirmé l’expulsion imminente de la correspondante à Pékin de l’hebdomadaire français L’Obs. Les autorités chinoises accusent Ursula Gauthier de « défendre de manière flagrante » des actes terroristes.
Ces accusations surviennent après un article sur la politique décrite comme répressive à l’égard du Xinjiang, vaste région en majorité musulmane de l’ouest de la Chine.
Le ministère chinois des Affaires étrangères avait informé la journaliste vendredi que, faute d' »excuses publiques » de sa part, sa carte de presse ne serait pas renouvelée, ce qui l’empêchera d’obtenir le renouvellement de son visa. Le refus de renouveler un visa de journaliste vaut expulsion.
« Hors de question »
Ursula Gauthier a déjà signifié aux autorités que de telles excuses étaient à ses yeux « hors de question » et « impensables ». L’article de Mme Gauthier a « défendu de manière flagrante des actes de terrorisme et des meurtres cruels d’innocents, ce qui a provoqué l’indignation du peuple chinois », affirme le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué mis en ligne samedi sur son site.
Soulignant qu’elle n’avait pas présenté « des excuses véritables au peuple chinois », le communiqué ajoute qu’il est par conséquent « inapproprié qu’elle continue à travailler en Chine ». « La Chine ne soutiendra jamais la liberté de défendre le terrorisme », a insisté le ministère.
Discriminations grandissantes
L’article mis en cause a été publié sur le site internet de L’Obs et est intitulé: « Après les attentats, la solidarité de la Chine n’est pas sans arrière-pensées ». Il se penchait sur la réaction de Pékin après les attaques meurtrières du 13 novembre à Paris.
Ursula Gauthier y décrivait les mesures répressives et la politique « antiterroriste » des autorités chinoises au Xinjiang, berceau de la minorité musulmane turcophone des Ouïghours. La région est en proie depuis deux ans à une recrudescence de violences. Beaucoup y dénoncent des discriminations ethniques, culturelles et religieuses grandissantes à l’encontre de cette communauté.
Le texte a suscité la vindicte des autorités chinoises, qui ont considéré qu’il revenait à justifier les violences survenant au Xinjiang, qu’elles qualifient d' »actes terroristes ».
« Mettre au pas » les journalistes
Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré « regretter » que le visa de la journaliste ne soit pas renouvelé. « Pékin démontre son rêve de mettre au pas les journalistes étrangers comme les reporters chinois », a réagi pour sa part sur Twitter le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire.
En poste dans la capitale chinoise depuis six ans, Mme Gauthier est la première correspondante étrangère en Chine à faire l’objet d’une telle mesure depuis 2012. Melissa Chan, journaliste américaine née à Hong Kong, avait alors elle aussi été expulsée. Elle travaillait pour la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira.