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Faible mobilisation des manifestations contre le président Duque

Le président colombien Ivan Duque est critiqué par des manifestants pour sa gestion du pays (archives). KEYSTONE/EPA/Adriana Thomasa sda-ats

(Keystone-ATS) Plusieurs manifestations étaient organisées jeudi en Colombie pour exiger du président Ivan Duque un changement de cap dans son gouvernement. La mobilisation a été faible à un an des protestations exceptionnelles de 2019 dans ce pays traditionnellement conservateur.

Des centaines de personnes sont descendues dans les rues de différentes villes du pays, à l’appel de syndicats ouvriers, étudiants, enseignants, médecins, ex-guérilleros des Farc et opposants pour cette cinquième “grève nationale” contre la gestion du chef de l’Etat de droite.

Mais la mobilisation a été bien inférieure aux rassemblements exceptionnels de l’an dernier, de fortes pluies décourageant en outre les manifestants, notamment à Bogota, épicentre de la protestation.

Les manifestations visaient à réclamer “droits et attention face aux difficultés parce que Duque ne dialogue, ni ne négocie”, a déclaré à l’AFP Fabio Arias, dirigeant de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), l’un des syndicats les plus puissants. Des rassemblements en divers points de la capitale ont convergé pacifiquement sur la place Bolivar, coeur historique de la ville où se trouve le parlement, et proche du palais présidentiel.

Le chef de l’Etat doit répondre “aux indigènes, aux paysans, aux secteurs ouvriers du pays, respecter les accords signés avec les étudiants”, a ajouté Jaime Valencia, un éducateur âgé de 65 ans, qui manifestait à Bogota vêtu d’un poncho aux couleurs jaune, bleu, rouge du drapeau colombien.

Le président Duque, au pouvoir depuis août 2018, est confronté à une récession économique marquée par un chômage record de 19,6% dans ce pays de 50 millions d’habitants, sur fond de pandémie de covid-19. Sa gestion est désapprouvée par 61% des Colombiens, selon un sondage publié fin octobre.

Fortes mobilisations il y a un an

D’importantes manifestations en novembre 2019 avaient mobilisé chaque jour des milliers de personnes, du jamais vu en Colombie depuis les années 1970.

Jeudi, la mobilisation visait à dénoncer aussi le regain de la violence dans des régions isolées du pays, depuis l’accord de paix du 24 novembre 2016 avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), aujourd’hui transformée en parti politique. Au moins 74 massacres – assassinat de trois personnes ou plus en une seule fois, selon la définition de l’ONU – ont été répertoriés cette année.

Des experts reprochent au gouvernement de ne pas avoir repris le contrôle des anciens territoires des Farc, permettant le renforcement de groupes armés qui s’y disputent le trafic de drogue.

La pandémie de covid-19, qui a gravement affecté la Colombie avec plus de 1,2 million de cas, dont plus de 34’500 morts depuis le 6 mars, avait mis la mobilisation en suspens. Mais elle a repris en septembre pour dénoncer la brutalité policière suite à la mort d’un homme lors de son interpellation.

D’autres mobilisations sont prévues les 21 et 25 novembre, avec notamment des hommages à un jeune manifestant, Dilan Cruz, qui à 18 ans avait succombé l’an dernier à un tir de balle en caoutchouc à la tête par un policier anti-émeute.

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