La lutte contre le blanchiment d’argent doit continuer

Le Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent a reçu 311 communications en l'an 2000. Après examen, 240 ont été transmises aux autorités de poursuites pénales, soit 11% de plus que l'année précédente. Mais, malgré cette augmentation, la situation doit encore être améliorée.
Jeudi à Berne, Jean-Luc Vez a jugé cette évolution «positive». Pour le directeur de l’Office fédéral de la police, l’augmentation du nombre de communications – qui concernent 655 millions de francs – se double également d’une amélioration de la qualité des dénonciations.
Autre source de satisfaction: les dénonciations ne proviennent plus uniquement des banques. Les communications émanant des autres secteurs sont passées de 14% en 1999 à 25% l’an dernier. Celles provenant du trafic des paiements, de fiduciaires et de gérants de forturne ont particulièrement augmenté.
Pour Jean-Luc Vez, il n’y a pas de doute: cette évolution favorable provient de la campagne de sensibilisation menée auprès des intermédiaires financiers. Un sérieux bémol toutefois: les avocats, les bureaux de change et les assureurs fournissent que très peu de communications.
Mais si le nombre des dénonciations est en hausse, la qualité aussi. En 1999, de nombreuses communications étaient introduites suite à des révélations des médias. L’an 2000 a en revanche été caractérisé par un travail plus sérieux de la part des intermédiaires financiers.
Ce 3e rapport d’activités du bureau de communication révèle encore que 92% des communications ont été faites dans les seuls cantons de Zurich, de Genève, de Berne, du Tessin et de Bâle-Ville. Zurich se taille d’ailleurs la part du lion avec près de 40% des cas.
Jean-Luc Vez reconnaît toutefois que la lutte contre le blanchiment ne fonctionnne pas encore de manière satisfaisante. «A notre connaissance, aucun jugement n’a encore été prononcé sur la base d’un cas transmis aux autorités cantonales par le Bureau depuis 1998», a-t-il déclaré. Du coup, 411 cas sont encore pendants.
Jean-Luc Vez n’a, par ailleurs, pas voulu porter de jugement sur le travail de l’Autorité de contrôle en matière de blanchiment. Niklaus Huber, le chef de cet organe qui dépend du ministère des finances, vient pourtant de démissionner en déclarant qu’il n’avait pas les moyens de remplir sa tâche.
Le directeur de l’Office fédéral de la police s’est contenté de relever que le Bureau de communication et l’Autorité de contrôle ont des rôles bien distincts.
Le premier sert de plaque tournante entre les milieux financiers et les autorités de poursuite pénale tandis que le second doit contrôler que les milieux financiers s’organisent pour faire face au blanchiment.
Jean-Luc Vez a toutefois concédé que l’efficacité de la lutte contre le blanchiment est liée à la qualité de tout le système et que «la force se mesure au maillon le plus faible».
Olivier Pauchard, Palais fédéral

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