20 ans après l’incendie de Stocamine, opposants toujours mobilisés
(Keystone-ATS) Entre 100 et 150 personnes, selon la préfecture et les organisateurs, se sont rassemblées samedi matin devant Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin), 20 ans jour pour jour après un incendie dans l’ancienne mine de potasse où 42’000 tonnes de déchets dangereux sont toujours stockées, au grand dam des opposants.
Les manifestants ont posé sur les grilles du site « des brassards bleus » pour montrer leur « espoir que les déchets seront évacués » rapidement, a indiqué à l’AFP Philippe Aullen, du collectif Destocamine, à l’origine du rassemblement auquel participaient élus locaux et parlementaires, dont le député du Haut-Rhin Hubert Ott (LREM) et ceux du Bas-Rhin Sandra Regol (EELV) et Emmanuel Fernandes (LFI).
« Notre leitmotiv, c’est l’extraction des déchets. Et vite: le temps joue contre nous », a ajouté M. Aullen, alors que le sort des déchets fait l’objet d’un bras de fer juridique entre opposants et l’Etat.
Dernier rebondissement dans le dossier-fleuve : début août, la justice a rejeté une demande de l’exploitant du site qui souhaitait reprendre les travaux d’enfouissement définitif des déchets, suspendus depuis mai.
Située à proximité de la nappe phréatique d’Alsace, la plus importante d’Europe, l’ancienne mine de potasse, dont les galeries s’affaissent petit à petit, abrite à 550 m sous terre quelque 42’000 tonnes de déchets industriels dangereux (amiante, arsenic…) mais non radioactifs, enfouis au tournant des années 2000.
Deux mois pour éteindre
En 2002, un incendie souterrain de déchets avait mis fin à l’ajout de nouveaux déchets. Deux mois avaient été nécessaires pour l’éteindre, alors que la règlementation interdisait d’y entreposer tout « produit inflammable ». Le directeur de Stocamine et la société avaient été condamnés quelques années plus tard pour cet incendie, le directeur ayant été condamné à une amende de 5000 euros pour « mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’obligations particulières de sécurité et de prudence ».
Depuis, le sort des déchets est l’objet d’une âpre bataille entre l’Etat, qui veut fermer le site et le confiner avec des bouchons de béton avant que la mine ne s’effondre, et les collectivités territoriales et défenseurs de l’environnement, qui veulent le retrait d’un maximum de déchets.
« Le pays est à sec aujourd’hui en eau et on n’est qu’au début des conséquences du changement climatique. Donc prendre un risque pour la nappe phréatique, pour moi ça n’est pas concevable », avait déclaré début septembre le président de la Collectivité européenne d’Alsace, le LR Frédéric Bierry, opposant à l’enfouissement.