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La Suisse soigne son image sur la scène littéraire allemande

Fer de lance des lettres suisses, Jens Steiner, lauréat du Prix suisse du livre 2013 avec son roman «Carambole», sera notamment à Leipzig. Keystone

Avec son entrée en scène à la Foire du livre de Leipzig, la Suisse ne vise pas seulement à séduire les lecteurs allemands, mais également à exprimer sa diversité. Et ceci également avec en toile de fond le récent oui des citoyens à la limitation de l’immigration.

«La Suisse ne vient pas à Leipzig en tant qu’hôte». Dès le départ, Tim Guldimann, ambassadeur de Suisse à Berlin, a insisté là-dessus: la Suisse est partie de l’aire culturelle allemande et la littérature suisse allemande partie de la littérature allemande. C’est pourquoi la participation helvétique à la Foire a été baptisée «La Suisse entre en scène», dans une limitation volontaire du concept de pays hôte.

«Nous voulons faire autre chose que ce qu’ont fait tous les autres pays avant. Nous voulons faire mieux», clame l’Allemand Thomas Böhm, commissaire de cette entrée en scène. Il explique avec enthousiasme comment lui et ses collègues vont mettre en scène la littérature suisse dans la deuxième plus grande foire du livre d’Allemagne.

Après celle de Francfort, la Foire du livre de Leipzig est la deuxième plus importante d’Allemagne. Elle a lieu chaque année au mois de mars. Plus de 2000 exposants de 43 pays seront présents cette année. En 2013, la Foire a accueilli quelque 170’000 visiteurs.

La Foire se veut lieu de rencontres entre les auteurs et le public, ce qui se concrétise notamment par le festival «Leipzig lit»: plus de 2800 manifestations dans 365 lieux de la ville. Comme on peut le voir sur un catalogue la Foire datant de 1595, la Suisse était déjà présente au 16e siècle à Leipzig, avec 12 livres présentés à la Foire. Cette année, la manifestation se tient du 13 au 16 mars.

Des lectures et des rencontres

Les quelques 70 éditeurs suisses se présentent dans la halle 4, sur un stand commun, conçu par l’Atelier Oï de La Neuveville come une salle de lecture. On y trouvera notamment la carte littéraire électronique de la Suisse, une initiative de l’ambassade à Berlin, qui permet de découvrir 140 lieux littéraires du pays, avec des indications sur les auteurs, la géographie et les œuvres. «On n’a encore jamais rien eu de pareil», note Thomas Böhm.

La halle de verre de la Foire et le Théâtre de la ville de Leipzig offriront une scène aux quelque 80 écrivaines et écrivains suisses prévus au programme. On pourra par exemple assister à des lectures de Martin Suter dans son nouveau polar, Jens Steiner dans son roman primé, Jonas Lüscher, Melinda Nadj Abonji et Milena Moser. Lukas Bärfuss débattra avec Peter Stamm de sphère privée et de société et Peter von Matt avec Ijoma Mangold, chef de la rubrique littéraire de l’hebdomadaire Die Zeit, sur ce qu’est la littérature suisse.

Dorothée Elmiger présentera son très attendu deuxième ouvrage, l’auteur suisse Martin Walker et la germaniste allemande Anica Jonas expliqueront la Suisse tous les matins aux intéressés et Arno Camenisch traitera chaque jour de la diversité linguistique.

Les bancs rouges

En plus des lectures et des débats ,le programme prévoit aussi des concerts, du théâtre et du cinéma, des rallyes pour les enfants, ainsi qu’un tournoi de poésie slam Suisse-Allemagne. «La Suisse entre en scène est bien plus qu’un simple stand sur une foire», résume Thomas Böhm.

Effectivement, la Suisse sera aussi présente à Leipzig en bien des lieux hors de la foire, et même déjà avant son ouverture le 13 mars. Cela commence à la gare, où Suisse Tourisme est présent avec sa «Switzerball», qui attire l’attention sur les beautés du paysage, et cela continue sur la ligne du tram 16, qui mène à la Foire. A tous les arrêts, on entendra des slogans du collectif artistique «Berne est partout» dans les quatre langues nationales.

D’autre événements se tiendront au Musée des Beaux-Arts. A chaque endroit de la ville où la littérature et la culture suisses seront présentes, on trouvera des bancs de lecture rouges. Inspirés des fameux bancs de bois que l’on trouve en Suisse un peu partout où la vue vaut que l’on s’arrête, ils ont été conçus par le designer Moritz Schmid spécialement pour l’occasion. Après la Foire, ces bancs rouges seront offerts à la ville de Leipzig.

La présence suisse à Leipzig est placée sous le patronage des principaux bailleurs de fonds: Pro Helvetia, Présence suisse et l’ambassade suisse à Berlin, ainsi que l’Association suisse des libraires et éditeurs (SBVV). En outre, les partenaires sont Suisse Tourisme, l’agence photo Keystone et les journaux locaux Leipziger Volkszeitung et Kreuzer. C’est la SBVV qui assure la direction du projet.

Amitié littéraire

Chaque visiteur de la Foire recevra en outre un livre «La Suisse entre en scène», distribué non pas par les hôtesses, mais par les libraires suisses. Au programme figure en effet aussi un échange entre libraires, qui a commencé en février avec la visite de 20 libraires de Saxe en Suisse. Cet échange, comme les lectures dans les écoles ou dans les salons particuliers de Leipzig a permis aux lettres suisses d’atteindre un vaste public.

«Les bancs, les livres, les expériences personnelles, tout cela reste». Thomas Böhm en est convaincu. «La Suisse veut ainsi remercier la population de Leipzig pour une amitié littéraire qui n’a fait que croître au fil des ans». En même temps, la Foire est naturellement une occasion pour les éditeurs de faire mieux connaître les livres suisses en Allemagne et de se créer de nouveaux débouchés sur le marché allemand du livre.

«La Suisse entre en scène» va coûter environ 650’000 francs, facture prise en charge à raison d’un tiers chacun par l’ambassade suisse à Berlin, la fondation culturelle Pro Helvetia et l’Association suisse des libraires et éditeurs (SBVV), détaille Thomas Böhm.

Multiples facettes

Après la votation du 9 février, on a aussi prévu une manifestation spéciale sur le thème «Malaise dans un petit pays».

«Pour nous, c’est une chance que la Foire se tienne après ce vote sur l’immigration, explique Daniela Stoffel, envoyée de l’ambassade suisse à Berlin. Car à Leipzig, nous avons la possibilité de montrer d’autres facettes de la Suisse. Et cela montre aussi tout ce que la culture peut accomplir».

Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez

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