Vous n’auriez pas vu un bandonéon?

Paléo, dernier jour. Avec notamment le «Boulouris Quintett», un groupe lausannois passionné par le tango de Piazzolla. Rencontre avant la scène.
«Boulouris» ne sonne pas très argentin. Normal, c’est le nom d’un village français, près de Saint-Raphaël, où Anne Gillot (clarinette basse) a des racines.
Mais c’est à Lausanne qu’elle et les autres – Stéphanie Joseph (violon), Jean-Samuel Racine (clarinette), Ignacio Lamas (guitare), Jocelyne Rudasigwa (contrebasse) – se sont rencontrés.
Tous sont issus du secteur classique, à part le guitariste, en provenance du jazz. Avec pour certains d’entre eux des incartades du côté du théâtre.
Pourquoi l’Argentine? «Pour nous, c’est surtout Piazzolla. On ne revendique pas l’Argentine, on est d’ici, et on l’interprète à notre façon», précise Jocelyne.
Piazzolla sans bandonéon
Astor Piazzolla, ils l’ont rencontré par hasard: «des partitions qu’on a découvertes, qu’on a jouées, et qui nous ont plues, ajoute la contrebassiste. On a eu envie d’approfondir le travail sur sa musique en créant des arrangements plus fouillés, qui ne contiennent pas de bandonéon. Et ça, c’est Ignacio, le guitariste, qui s’en charge en grande partie.»
Question aussi consécutive qu’évidente: pourquoi faire du Piazzolla sans bandonéon? «Parce que!», répond Jocelyne en éclatant de rire.
Plus pragmatique, Jean-Samuel complète son propos: «en fait, on ne connaît pas de bandonéoniste, dit-il en trébuchant sur le mot. Et puis c’est tellement dur à prononcer qu’on n’en prendra jamais, voilà!»
Au-delà de la plaisanterie, c’est effectivement cette approche qui rend leur démarche intéressante: «on essaie vraiment de se rapprocher du tango argentin par la seule force de la musique et de l’écriture de Piazzolla, plutôt que d’y mettre les couleurs typiques de l’Argentine avec un bandonéon», précise le clarinettiste.
Boulouris live!
A leur actif, deux albums. Le premier est un enregistrement public, datant de 1999. Le deuxième, paru fin 2001, a été réalisé en studio et s’intitule «Concerto para Quintett» (distr. RecRec). Mais sur scène, le Boulouris Quintett tient à quitter le domaine du concert au sens strict, et pour cela, joue la carte de l’humour et de la mise en scène.
«Nous avons besoin de ruptures par rapport à cette musique, qui est très intense. On y place donc des touches personnelles: des chansons, des interventions scéniques. On propose différents tableaux, on aime bien faire se balader les gens d’une couleur à l’autre», explique Jocelyne.
Et Paléo, c’est une date comme une autre? «Ce n’est pas n’importe quel festival. Et puis on n’a jamais joué sur une aussi grande scène, avec une façade terrible. On a l’habitude des petits caveaux ou des théâtres. C’est une magnifique expérience. On se réjouit, on a la trouille, tout est mélangé!»
swissinfo/Bernard Léchot

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