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La Suisse renforce son réseau extérieur

Botschaft
Un exemple de micro-représentation suisse, à Budapest. Ici, les papiers d'identité ne sont pas renouvelés. Pour ce faire, il faut aller à Vienne. EDA

La Suisse veut renforcer ses représentations à l'étranger: le Département fédéral des affaires étrangères déploie 35 postes actuellement basés à Berne dans le monde. L’Organisation des Suisses de l’étranger s’en dit satisfaite.

Forte de quelque 170 ambassades, consulats et petites représentations dans le monde, la Suisse dispose d’un réseau diplomatique étendu. La densité de ce réseau à l’étranger a fait ses preuves, tout particulièrement pendant la crise sanitaire, écrit le Conseil fédéral dans son rapport de politique extérieureLien externe. Cependant, certaines représentations ne seraient “pas suffisamment durables en termes de personnel”.

La Confédération a donc décidé de réagir. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) écrit en réponse à une demande de la Radio SRF (radio de service public en Suisse alémanique) : «Nous prévoyons de transférer 35 postes de la centrale du DFAE vers le réseau extérieur au cours des quatre prochaines années». Environ 6000 employés au total travaillent au siège du DFAE et dans le monde entier.

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Un déploiement plus rapide dans les situations de crise

Le DFAE écrit que l’utilité du réseau suisse à l’étranger a été démontrée lors de la pandémie de coronavirus: au printemps dernier, les représentations à l’étranger ont contribué au rapatriement de plus de 7000 résidents suisses depuis l’étranger. Cela représente la plus grande opération de rapatriement de l’histoire suisse.

«Les petites et micro-représentations doivent être en mesure de rester opérationnelles, même dans le cas où perdurerait une crise telle que la pandémie actuelle.»

DFAE

Mais les représentations suisses ont également fait leurs preuves en matière d’aide humanitaire d’urgence dans les pays en développement, où les conséquences de la pandémie sont les plus graves. D’une part, selon la stratégie de politique extérieure du Conseil fédéral, les représentations implantées dans des zones où règne un «contexte difficile», c’est-à-dire dans des pays marqués par le conflit et la violence, bénéficieront du transfert de postes.

D’autre part, toujours selon le DFAE, le nombre de micro-représentations sera également augmenté de manière ciblée. Dans ces représentations, parfois un seul ambassadeur travaille avec quelques employés locaux. «Il s’agit des petites et micro-représentations qui possèdent trop peu de personnel mobile. Elles doivent être en mesure de rester opérationnelles, même dans le cas où perdurerait une crise telle que la pandémie actuelle», écrit le DFAE.

Critique du Contrôle fédéral des finances

Il s’agit d’une volte-face, car c’est précisément sur le dos de ces micro-représentations que le DFAE envisageait à l’origine de faire des économies. Il y a deux ans, ces centres consulaires réduits au minimum avaient suscité des critiques de la part du Contrôle fédéral des finances. Selon ce dernier, les micro-représentations contribuaient peu ou prou à éparpiller les ressources sans apporter de valeur ajoutée. En outre, elles n’avaient pas de profil clair et manquaient de visibilité.

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Ce contenu a été publié sur Le Contrôle fédéral des finances remet en question l’utilité des petites représentations suisses à l’étranger. Un ambassadeur réplique.

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Ariane Rustichelli, directrice de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSELien externe), se félicite que l’une ou l’autre des plus petites représentations diplomatiques soit désormais revalorisée: «La pandémie a montré combien il est important de pouvoir contacter rapidement sa propre ambassade ou son propre consulat en cas de crise», dit-elle. Elle donne un exemple: «Si vous vivez aujourd’hui à Budapest et avez besoin d’un nouveau passeport, vous devez vous rendre à Vienne pour bénéficier des services consulaires».

«Il y a cinq ans, le DFAE fermait régulièrement des consulats à travers le monde, même dans les pays où vivaient de nombreux Suisses.»

Ariane Rustichelli, directrice de l’OSE

Selon Ariane Rustichelli, une présence plus forte est nécessaire, surtout là où il y a le plus de Suisses à l’étranger. «La plupart vivent dans un pays de l’UE, mais aussi en Australie ou en Océanie». 

La directrice de l’OSE préfère ne pas émettre de jugement quant à ce possible retournement de situation pour la Cinquième Suisse. Mais elle ajoute : «Il y a cinq ans, le DFAE fermait régulièrement des consulats à travers le monde, même dans les pays où vivaient de nombreux Suisses. C’est pourquoi il s’agit d’un pas en avant, même si tout n’est pas encore réglé.»

Présidente de la Commission de politique extérieure (CPELien externe), la Conseillère nationale verte libérale Tiana Angelina Moser, se dit également satisfaite, même si des emplois sont perdus au siège du DFAE à Berne: «Je suis fondamentalement favorable au renforcement du réseau suisse à l’étranger, car je suis convaincue qu’il est essentiel pour une Suisse orientée à l’international.»

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Cela ne doit pas nécessairement signifier un affaiblissement du quartier général, ajoute la parlementaire: «Il reviendra à la CPE de discuter de la manière dont elle peut garantir une situation gagnant-gagnant». Le DFAE laisse ouverte la question de savoir quelles représentations seront renforcées et dans quels pays.

SRF News: Le DFAE veut transférer 35 postes de la Centrale vers les représentations à l’étranger. Est-ce une bonne idée?

Tiana Angelina Moser: Je suis très favorable à ce que la Confédération mène une politique extérieure engagée, et donc aussi à ce qu’elle renforce son réseau de représentations. Il est logique de répartir le personnel diplomatique en conséquence. Nous discuterons ensuite de ce que cela signifie concrètement pour le siège à Berne.

Le DFAE a voulu mettre en place des mesures d’économie qui visaient notamment les micro-représentations. Les renforcer n’est-il pas une façon de s’en écarter ?

Il s’agit d’une réorientation. Le réseau à l’étranger doit être explicitement renforcé et les micro-représentations sont désormais valorisées. Dans une certaine mesure, j’y vois aussi une conséquence de la stratégie de politique extérieure 2020-2023 du Conseil fédéral en matière de ressources humaines: celle-ci prévoit explicitement une présence dans de nouvelles régions, dont certaines sont également sujettes à des crises.

Quelles représentations dans quels pays devraient, selon vous, être renforcées ?

Le renforcement devrait être basé sur la stratégie de politique extérieure. Il est clair que cette initiative met l’accent sur les relations avec les pays européens, mais elle envisage également de renforcer la région MENA, c’est-à-dire le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Je suppose que ces régions seront ciblées en conséquence.

Emilie Ridard

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