Manifestants en faveur de l’emploi en Tunisie – Policier tué
(Keystone-ATS) La police tunisienne a fait usage jeudi de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants, au troisième jour de protestations pour dénoncer le chômage. Un policier a, en outre, été tué lors de ces affrontements.
Plusieurs milliers de jeunes Tunisiens ont manifesté devant les bureaux de la préfecture à Kasserine. Il s’agit d’une ville défavorisée du centre du pays où le mouvement de protestation a débuté, après le suicide d’un homme qui se serait vu refuser un emploi dans la fonction publique.
Les forces de l’ordre sont également intervenues dans les villes de Jamdouba, Beja et Skira, ainsi qu’à Sidi Bouzid. Dans cette dernière, les protestataires scandaient « du travail ou une autre révolution », selon des témoins et les médias locaux.
Promesses d’emplois
Le gouvernement du président Béji Caïd Essebsi a annoncé mercredi qu’il allait embaucher plus de 6000 jeunes au chômage à Kasserine et lancer des projets de construction. Jeudi, des centaines de personnes se sont présentées pour trouver du travail dans cette localité où la tension reste forte.
« Je suis sans travail depuis 13 ans et je suis un technicien qualifié. On ne demande pas la charité mais seulement un droit au travail », a déclaré Mohamed Mdini, un des manifestants de Kasserine alors que la foule chantait « Travail, liberté, dignité ».
Chômage en hausse
Un policier a, par ailleurs, été tué mercredi après avoir été attaqué par des manifestants réclamant du travail à Feriana située au sud de Kasserine, dans le centre-ouest du pays, a annoncé le ministère de l’Intérieur.
Le taux de chômage en Tunisie a atteint 15,3% de la population active à la fin 2015, contre 12% en 2010. Les attentats islamistes qui ont frappé le pays l’an dernier ont pesé sur l’économie, en particulier sur le secteur touristique.
Inégalités flagrantes
La Tunisie doit trouver un nouveau modèle de développement pour remédier au chômage et à l’exclusion sociale. Ces deux phénomènes continuent de provoquer des troubles bien qu’ils aient largement motivé la révolution de 2011, a déclaré jeudi son premier ministre Habib Essid au Forum économique mondial (WEF) de Davos.
« Il y a des régions intérieures qui n’ont pas eu leur part (de développement) par le passé. Il y a beaucoup de disparités entre les régions », a poursuivi M. Essid.
Promouvoir la formation
Le chômage « est le problème essentiel auquel nous faisons face et l’une des priorités du gouvernement », a-t-il reconnu. Mais « nous n’avons pas de baguette magique pour en finir en peu de temps (…). Il faut convaincre les jeunes et les chômeurs que cela ne peut pas se faire sur une courte période », a-t-il ajouté.
« Nous avons des programmes importants que nous avons lancés pour suivre les chômeurs de A à Z », a souligné M. Essid. « L’un des principaux problèmes en Tunisie, a-t-il poursuivi, est « la non conformité entre la formation et les emplois ».