Triple assassinat à Zurich et Laupen/BE: l’accusé se dit innocent
Le procès des assassinats d'une psychanalyste à Zurich et d'un couple âgé à Laupen (BE) s'est achevé jeudi devant la justice zurichoise. La défense a exigé l'acquittement. Le procureur avait requis la peine maximale. Le jugement est attendu la semaine prochaine.
(Keystone-ATS) «Je suis ici pour prouver mon innocence», a déclaré aux juges le monteur d’échafaudages, un Espagnol âgé de 47 ans, à la fin de son procès devant le Tribunal de district de Zurich. Selon ses dires, il n’a rien à voir avec les assassinats qu’on lui reproche.
«Je n’ai pas de tendances psychopathiques», a souligné le prévenu qui a dit se voir comme «une bonne personne». L’homme, accusé d’avoir assassiné sauvagement son ancienne psychanalyste le 15 décembre 2010 et ses anciens voisins cinq ans plus tard à la même date, porte trois têtes de mort tatouées sur son corps. Il n’a pas voulu dire, quand et pourquoi il a choisi ces motifs de tatouage.
Théories du psoriasis et du complot
Dans sa plaidoirie, son avocat a demandé un acquittement complet. Le fait que l’ADN de l’accusé a été trouvé sur les deux lieux de crime ne constitue pas une preuve suffisante, selon lui. Il serait dû au fait que ce dernier souffre d’une maladie cutanée, le psoriasis, qui lui fait semer beaucoup de pellicules. Le prévenu a donc pu les perdre dans le cabinet de la psychologue et au domicile de ses voisins bien avant que les crimes aient été commis, estime l’avocat.
Seconde théorie présentée par le défenseur de l’accusé: une autre personne a pu disperser volontairement l’ADN de ce dernier pour lui faire porter le chapeau. Une théorie qualifiée d'»absurde» par l’avocat des proches des victimes.
«Irréaliste», selon l’accusation
Le procureur estime, lui, les deux versions «totalement irréalistes», de l’ADN ayant été trouvé notamment sous les ongles et sur les vêtements des victimes. Mardi, il a requis une peine de prison à perpétuité contre le prévenu et son internement en raison du risque de récidive. Il a retiré entretemps sa demande d’expulsion du territoire suisse, cette disposition n’étant pas encore en vigueur au moment des faits reprochés.
Selon l’acte d’accusation, le prévenu qui souffre de dépressions depuis des années a dévalisé et assassiné par 14 coups de couteau son ancienne psychanalyste, âgée de 56 ans, dans son cabinet. Cinq ans plus tard, il s’est échappé d’une clinique psychiatrique, puis est allé cambrioler ses anciens voisins, des retraités, à Laupen. Il les aurait tués en assénant une trentaine de coups de manche de hache ou de marteaux.
L’accusé n’a été arrêté qu’en janvier 2024 à Genève, à son retour en Suisse, à l’issue d’une longue enquête et grâce à des tests massifs d’ADN. Ces analyses ont permis d’établir que l’homme s’était trouvé sur les deux lieux au moment des crimes.
En principe, le jugement doit être rendu la semaine prochaine, mardi après-midi au plus tôt. Il n’est pas exclu, cependant, que la Cour décide d’entendre des témoins supplémentaires ou de mandater des expertises.