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Chine: l’ONU cible les restrictions aux libertés depuis la pandémie

La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet est inquiète de la situation au Xinjiang (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’ONU cible les restrictions aux droits fondamentaux et aux libertés en Chine en raison de la sécurité nationale et de la réponse à la pandémie. La Haute commissaire aux droits de l’homme a dénoncé vendredi à Genève détentions arbitraires et procès inéquitables.

Ces violations visent « des activistes, des avocats, des défenseurs des droits humains et des ressortissants étrangers », a affirmé Michelle Bachelet devant le Conseil des droits de l’homme. Depuis lundi, plusieurs Etats dont les Etats-Unis ont dénoncé devant l’instance onusienne l’internement de plus d’un million d’Ouïghours au Xinjiang, la Grande-Bretagne et la France ciblant une répression de grande dimension.

Londres souhaiterait même une résolution contre Pékin sur cette question. Une approche qui, si elle se concrétise, serait une première contre une grande puissance devant le Conseil des droits de l’homme. Les Etats-Unis ont eux parlé récemment de génocide, une accusation fermement contestée par le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi qui avait estimé lundi qu’elle est « très éloignée » de la réalité.

Des indications continuent d’être reçues sur des détentions arbitraires, des violences sexuelles ou encore du travail, ajoute de son côté la Haute commissaire. Elle souhaite toujours trouver un compromis avec les autorités pour se rendre dans la région.

A Hong Kong, plus de 600 personnes font l’objet d’investigations en raison de leur participation à des manifestations, dont certaines depuis la nouvelle loi sécuritaire, a affirmé Mme Bachelet. Celle-ci a dénoncé à plusieurs reprises l’application de cette législation et ses effets sur les droits humains. Outre la Chine, la Haute commissaire s’est dite préoccupée par les restrictions aux libertés dans plusieurs autres pays asiatiques pendant la pandémie.

Turquie ou aussi Russie

Concernant la Turquie, Mme Bachelet s’inquiète des « arrestations massives » de la semaine dernière, visant notamment des opposants, qui s’appuyent sur la loi antiterroriste. De même, sans mentionner Alexeï Navalny, elle a dénoncé à nouveau les milliers d’interpellations récentes en Russie et déploré les durcissements légaux contre les manifestants.

S’agissant des Etats-Unis, Mme Bachelet salue plusieurs dispositifs lancés par le président Joe Biden pour faire face au racisme systémique. Après la libération récente de la militante Loujain al-Hathloul en Arabie saoudite, elle déplore que d’autres femmes soient « injustement détenues » dans ce pays. Elle salue toutefois l’annonce de législations pour améliorer les droits humains.

La Haute commissaire s’inquiète aussi de la situation dans l’ouest de l’Ethiopie. Elle est préoccupée par les indications d’enlèvements de réfugiés érythréens qui auraient été rapatriés de force dans leur pays. Au moins 15’000 d’entre eux sont toujours portés disparus.

Lois environnementales bafouées

En Amérique latine, Mme Bachelet appelle plusieurs pays à empêcher une détérioration sociale qui pourrait provoquer de nouvelles émeutes. Elle condamne aussi le manque d’application des lois environnementales au Brésil et dans d’autres pays d’Amazonie, qui ont abouti à des activités économiques illégales pendant la pandémie.

La Colombie a elle fait face l’année dernière au plus grand nombre de massacres depuis l’accord de paix de 2016, dont plus de 70 ont été vérifiés par le Haut-Commissariat. Plus de 130 défenseurs des droits humains ont aussi été tués, des meurtres authentifiés dans 90 cas.

Appel sur les médicaments

Devant l’instance onusienne, la Haute commissaire a appelé le gouvernement à « redoubler ses efforts » pour protéger la population. Dans son rapport sur la Colombie, elle relève que plus de 290 personnes ont été tuées l’année dernière.

Depuis l’accord de paix, plus de 250 anciens combattants de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont succombé. Mme Bachelet s’est inquiétée aussi des manifestations contre les institutions de justice transitionnelle.

Elle dénonce les menaces contre la Juridiction spéciale pour la paix (JEP). Le parti de droite au pouvoir, le Centre démocratique, a demandé l’arrêt de celle-ci.

Autre préoccupation, la Haute commissaire cible des détentions arbitraires et un recours excessif à la force de la police contre les manifestants au Honduras. Des centaines de rassemblements ont eu lieu pendant l’état d’urgence.

Plus largement, Mme Bachelet a aussi répété l’importance d’un accès pour tous au vaccin contre le coronavirus. Elle souhaite notamment que les Etats réglementent le prix des médicaments. Des doses doivent également être données gratuitement aux plus vulnérables si ceux-ci ne peuvent les payer, ajoute-t-elle.

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