Réformes libérales: les agriculteurs bloquent des autoroutes
(Keystone-ATS) Des voies ferrées et des autoroutes ont été bloquées dans toute l’Inde par des agriculteurs qui menaient mardi une journée d’action nationale contre les réformes de libéralisation du secteur agricole. Le mouvement s’étend après dix jours de manifestations.
L’action des agriculteurs indiens, qui bloquent déjà l’accès à New Delhi depuis le 26 novembre en réclamant l’abrogation des récentes réformes des marchés agricoles, a reçu le soutien de cheminots, de routiers, d’enseignants et de syndicats.
« Nous sommes inquiets, extrêmement inquiets. Nos enfants vont mourir de faim, qu’est-ce qui pourrait être plus inquiétant que cela? », a déclaré à l’AFP Ved Singh, un agriculteur faisant écho aux craintes que les grandes entreprises ne fassent baisser les prix et ne détruisent leurs moyens de subsistance.
Les manifestants affirment qu’ils ne cèderont pas tant que les lois ne seront pas abrogées. Ce qui constitue l’un des plus grands défis pour le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi depuis sa réélection en 2019.
« Nous ne bougerons pas »
« Le gouvernement teste notre patience mais nous ne bougerons pas », a affirmé à l’AFP Raminder Singh, de l’Etat de l’Uttar Pradesh, au nord du pays. « La grève d’aujourd’hui était symbolique et si le gouvernement ne nous écoute pas, nous allons fermer tout le pays dans les prochains jours ».
« Nous protestons depuis des mois mais le gouvernement ne nous a pas écoutés. Ils nous ont forcés à appeler à la grève », a ajouté un autre agriculteur de l’Uttar Pradesh, Mahesh Baliyan.
Le ministre de l’Intérieur, Amit Shah, a demandé une réunion avec les dirigeants agricoles mardi soir, à la veille d’un sixième cycle de négociations.
Quelque 200 autres camions transportant des agriculteurs et des denrées alimentaires pourraient également arriver sur les sites du blocus dans les prochains jours, ont déclaré à l’AFP les agriculteurs présents à l’un des sit-in.
Des forces de police supplémentaires avaient été déployées à Delhi et la sécurité a été renforcée dans le reste du pays pour éviter les débordements.
En vertu des réformes, les paysans ont dorénavant la liberté de vendre leurs produits à un acheteur et au prix de leur choix et non plus uniquement sur les marchés régulés par l’Etat (les « mandis ») avec des prix fixés. Mais les agriculteurs redoutent que cela ne permette aux grandes sociétés de faire baisser les prix.
Clef de voûte de l’économie
De son côté, le gouvernement affirme que ces lois sont nécessaires afin d’offrir un avenir à long terme au secteur agricole, véritable clef de voûte de l’économie indienne.
« Nous ne voulons rien de moins qu’un retrait de ces nouvelles lois », a rappelé Balbir Singh Rajewal, un représentant des paysans.
Le parti du Congrès, principal parti d’opposition qui détient le pouvoir au Pendjab (nord-ouest), dont viennent nombre de manifestants, ainsi qu’une quinzaine de formations politiques, soutiennent ce mouvement de contestation.
Les agriculteurs sont particulièrement puissants dans le nord de l’Inde mais même dans l’Etat de Karnataka, situé au sud, les cours en ligne ont été suspendus pour la journée en signe de soutien au mouvement.